La dépendance affective se manifeste par un trop grand besoin de la reconnaissance et de l’affection des autres. Elle peut apparaître dans une relation amoureuse, mais aussi dans une relation parent-enfant, avec un ami ou un supérieur. La personne dépendante affectivement éprouve une grande souffrance psychique et notamment l’angoisse de perte d’amour de l’autre.
Quand l’amour devient une addiction
La dépendance affective à l’égard d’une autre personne est liée au manque d’autonomie affective. Une personne émotionnellement dépendante considère une autre personne comme nécessaire à la vie. Sans l’étayage de l’autre, confondu d’ailleurs avec soi, un fonctionnement normal n’est pas possible. Son estime de soi dépend de sa relation avec son partenaire. Très souvent, la dépendance affective conduit au sacrifice de soi et, du fait, elle est donc facilement confondue avec l’amour.
C’est ce qui arrive aux personnes qui sont constamment à la recherche de relations affectives censées les rassurer ou les compléter. L’autre doit combler le vide de leurs vies. Ils regardent à l’extérieur au lieu de regarder à l’intérieur de soi car ressentent un vide en soi. La relation ne suffit pas à apaiser les angoisses et même, au contraire, elle les met en lumière ce qui renforcer encore davantage la dépendance affective.
La manière dont nous établissons des liens affectifs est fortement conditionnée par le type de relations vécu dans l’enfance. Par exemple, si nous sommes surprotégés par des parents anxieux, nous ne nous sentirons pas en sécurité en tant qu’adultes et en conséquence nous chercherons des personnes qui nous protégeront.
Mais si dans l’enfance nous avons manqué de relations affectives chaleureuses, des années plus tard, nous chercherons l’amour désespérément et à tout prix.
Chez un dépendant affectif le sentiment de bien-être et notamment son estime de soi dépendent excessivement de facteurs extérieurs. La personne ressent une incapacité psychique à vivre sans l’approbation manifeste et continue de l’autre. Pour s’assurer cette approbation, elle va s’effacer face aux autres, et donc va perdre de vue ce qui importe réellement pour elle-même.
En cherchant constamment l’approbation de leur partenaire, de leurs proches, amis ou collègues, les dépendant affectifs négligent leurs propres besoins. De plus, la peur d’être abandonné peuvent conduire la personne dépendante affectivement à accepter l’inacceptable, par exemple la violence ou l’humiliation.
D’autre part, la dépendance affective se manifeste souvent par le sentiment de jalousie et un besoin d’exclusivité chez le dépendant affectif vis-à-vis des personnes auxquelles il a tant donné. Il se sacrifie donc il demande autant de preuves d’amour et d’attention. Mais les preuves d’amour et l’attention ne seront jamais suffisantes. Son angoisse de perdre l’amour n’est pas rationnelle et ne peut être apaiser. Ses exigences engendrent dès lors une réaction d’impatience chez le partenaire submergé et peuvent provoquer les conflits et même la rupture.
Ce type de relation est donc frustrant pour les deux et implique forcement beaucoup d’ambivalence, d’agressivité refoulée, de conflits ouverts ou réprimés.
Qu’est-ce qui nous pousse dans une relation basée sur la dépendance affective ?
La dépendance affective dérive d’un manque de confiance en soi qui se manifeste dans plusieurs domaines de la vie.
La dépendance affective survient le plus souvent chez les personnes qui ont connu des difficultés dans les relations dans leur enfance. Les mauvaises expériences dans les relations précoces ont un impact décisif sur la formation de la personnalité. Si les parents n’ont pas répondu aux besoins fondamentaux de l’enfant, tels que le besoin d’acceptation inconditionnelle, de sécurité affective, et d’amour, l’enfant gardera une blessure narcissique et aura tendance à manquer d’estime de soi.
A l’avenir il sera dépendant de l’estime des autres et fera tout afin de plaire.
Parfois, ce sont les négligences ou les séparations précoces qui contribuent à développer une angoisse d’abandon qui rendra la personne dépendante affectivement des autres.
Le type de relation qu’entretenaient nos parents aura un impact sur le développement de la dépendance affective. Par exemple, si pendant notre enfance nous avons vu une relation parentale basée sur la dépendance affective, dans laquelle l’amour et les abus allaient de pair, nous aurons tendance à établir le même type de relation à l’âge adulte.
C’est pourquoi, très souvent, les jeunes issus de familles dysfonctionnelles entrent en relation de dépendance avec leurs professeurs ou toute autre personne qui leur apporte soin et attention.
Le développement humain nous conduit à passer de la dépendance absolue, anaclitique à la naissance, vers l’indépendance relative à l’âge adulte. L’indépendance est possible grâce aux assises narcissiques solides, acquis à partir de bons soins obtenus, permettant un sentiment de sécurité intérieure. Ce sentiment de sécurité se traduit par une confiance raisonnable en soi et dans les autres.
Une personne dépendante affectivement manque de confiance en soi, sous-estime sa valeur et recherche sans cesse de la sécurité affective auprès des autres. Dans une relation, elle attend constamment une preuve d’amour de la part de son partenaire ou une attention de la part de ses amies, ou encore un signe de reconnaissance de la part de son supérieur.
La dépendance affective conduit à la recherche compulsive de la confirmation de sa valeur dans le contact avec une autre personne. Son image de soi dévalorisée nécessite d’être constamment étayée par le regard approbateur des autres.
Comment pouvons-nous savoir si notre relation est basée ou non sur une dépendance affective ?
Les projets, les aspirations propres sont issues des attentes des autres.
La personne dépendante affectivement hésite à parler en son propre nom et à porter son propre jugement.
Elle manque de confiance en ses propres capacités et son estime d’elle-même est très faible et assujettie à l’estime par des autres.
Souvent, elle renonce à ses propres besoins pour assurer la pérennité des relations. Une simple pensée de la séparation est pour elle paralysante et provoque l’anxiété, la méfiance ou encore la culpabilité.
Du fait, elle n’est pas capable de fixer des limites, de refuser, de dire non, de prendre la parole en son nom propre.
Ne supportant pas d’être seule, elle cherche de nouvelles relations immédiatement après la fin de la relation précédente.
Elle place le partenaire dans un rôle de bon parent tout en exerçant une emprise sur lui afin de maintenir la fusion.
Une personne dépendante affectivement pense en générale :
« Je ne peux pas me débrouiller sans un partenaire. »
« Je suis incapable d’être seul. »
« Il est nécessaire d’être dans cette relation quoi qu’il arrive, pour ne pas rester seule. »
« Il a vraiment besoin de moi, je dois le sauver. »
« Je dois accepter ses pitreries pour être dans cette relation. »
« Je ne dépends de personne, je me laisse seulement aider. »
Le partenaire est acculé, ce qui provoque chez lui une réaction de rejet. Les conflits apparaissent donc souvent dans la relation avec une personne dépendante affectivement.
En quête d’affranchissement de la dépendance affective vis-à-vis des autres, une personne qui souffre de la dépendance affective peut développer une conduite addictive où une substance ou la répétition compulsive d’une activité prend le relais. L’angoisse en lien avec la dépendance affective pousse à chercher un apaisement dans les comportements alimentaires. L’excès de nourriture dans la boulimie ne parvient pas pour autant de compenser un manque ressenti de la nourriture affective.
Que faire pour sortir du schéma de la dépendance affective ? Surtout avoir confiance en sa propre force et trouver de l’aide pour croire en sa capacité à voler de ses propres ailes. La base est donc de réaliser que la relation est toxique et d’admettre la difficulté. Dans de nombreux cas, la personne dépendante et son partenaire ont besoin d’une aide psychologique. La psychothérapie permettra de réparer le sentiment de valeur personnelle altéré et ainsi gagner en estime de soi afin de pouvoir construire des relations saines.
Il est nécessaire de trouver un moyen de devenir autonome sans les autres et dans des relations. La première étape peut être de libérer ses émotions, d’exprimer ses opinions et son opposition aux opinions exprimées par le partenaire. En thérapie, vous apprendrez l’authenticité et vous pourrez prendre confiance en vous tout en prenant en compte les sentiments des autres.
Une personne dépendante ne peut se libérer sans accepter que ses désirs et ses sentiments sont aussi importants que ceux des autres. Cela nécessite de soigner les blessures narcissiques et passe par le processus d’enrichissement et de renforcement du moi.
Une étape importante de la psychothérapie consistera à trouver la source de la dépendance affective. Ensuite, le psychothérapeute tend à réparer les attitudes et les comportements qui ont contribué au développement de cette dépendance à l’égard d’une autre personne. Pour qu’une relation soit équilibrée, les partenaires doivent trouver la façon de co-exister dans le couple.
Une personne qui souffre de la dépendance affective a beaucoup de mal à accepter que sa valeur ne dépende pas de la façon dont elle se dévoue à l’autre. Elle craint que son indépendance lui fasse perdre l’amour de l’autre. Pourtant, cette autonomie est l’élément le plus important pour qu’une relation soit equilibrée.
Comment se libérer d’une dépendance affective ?
Tout d’abord, vous devez prendre soin de vous. Nous sommes incapables de créer une relation satisfaisante avec une autre personne tant que nous ne nous connaissons pas et ne nous acceptons pas. Si nous rêvons de briser la dépendance, nous devons d’abord travailler sur notre confiance en soi et notre estime de soi.
Vous devriez vous demander : pourquoi est-ce que je me sens si insécure ? Pourquoi est-ce que je me sens sans valeur et sans importance si la personne que j’aime ne fait pas attention à moi ? Quand est-ce que je me suis oublié pour la première fois dans une relation ?
