L’angoisse d’abandon

L’angoisse l’abandon est une peur irrationnelle d’être rejeté ou abandonné. Cette crainte anticipatoire d’être quitté, rejeté,  est liée au sentiment de ne pas être digne d’amour.

L’angoisse d’abandon ou de séparation se déclare dès lenfance et peut se maintenir chez le sujet adulte. Le fantasme d’abandon est une expérience archétypique qui apparait fréquemment dans les mythes et les contes, de Moïse au Petit Poucet.

Appelée également l’anxiété de séparation, elle peut être plus ou moins handicapante et s’accompagne parfois de symptômes physiques tels que des vomissements ou des troubles du sommeil. Comment reconnaître l’angoisse l’abandon ? Comment soigner cette anxiété de séparation ?

angoisse d'abandon - Małgorzata Sajur autoportret illustre abandon adulte

Qu’un bébé manifeste une inquiétude au moment de séparation d’avec la personne d’attachement est de bon aloi.  La peur surmontable est, en effet, l’expression du fait qu’il sait reconnaitre la situation inquiétante et accessoirement que la personne aimée lui manque. L’enfant redoute alors de rester avec les étrangers ou dans l’obscurité.

En revanche, si sa détresse est extrême et persistante, elle témoigne de la perturbation dans les relations précoces. Les expériences précoces sont fondatrices de notre équilibre psychique ainsi que de relations interpersonnelles harmonieuses. Si un adulte ressent l’angoisse d’abandon en lien avec une dépendance affective c’est très probablement en lien avec les expériences d’enfance tels que deuil, séparation, ou encore négligences subies.

Au commencement était l’angoisse d’abandon

Nous observons l’émergence de l’angoisse de séparation chez l’enfant autour de la deuxième année.

L’enfant ressent une peur au moment de la séparation d’avec les figures d’attachement (personnes qui prennent soin de lui). L’absence de la personne prodiguant les soins provoque chez l’enfant un afflux d’excitations internes ingérables. L’angoisse s’exprime alors par une agitation, des pleurs, des difficultés d’endormissement, des cauchemars voire des terreurs nocturnes. Le Moi de l’enfant n’étant pas encore bien organisé et opérant, il lui est difficile de faire face aux situations qui le menacent réellement ou fantasmatiquement. Il craint donc de se retrouver seul ou avec les étrangers. Chez certains enfants ce sentiment d’abandon peut survenir à l’arrivé d’un puiné, face à une dépression maternelle ou suite à un autre événement troublant le sentiment de sécurité de l’enfant.

À l’adolescence, l’angoisse d’abandon témoigne de la dépendance affective persistante chez le jeune et elle se manifeste plutôt sous forme de colère et d’opposition.

Angoisse d’abandon qui persiste chez l’adulte

Cette angoisse peut perdurer chez l’adulte. Elle s’exprimera par la peur de la solitude, par le malaise ressenti lorsque la personne est seule mais aussi par l’appréhension anxieuse de se retrouver seul ou d’être quitté ou abandonné.

L’abandon réel ou ressenti subjectivement dans la petite enfance et souvent refoulé, déteint sur le développement psycho-affectif et continue à avoir des répercussions à l’âge mûr. Alors, on n’aime pas rester seul, on déteste voyager et faire les valises, on a horreur de déménagements. Mais surtout on accumule les difficultés de couple et autres échecs dans les relations.

Les répercussions de l’angoisse d’abandon sur les relations amoureuses

Tout d’abord l’angoisse d’abandon sera à l’origine des difficultés à nouer des liens affectifs authentiques et profonds.

Souvent, les personnes aux prises avec ces angoisses auront tendances à rester dans les relations amoureuses insatisfaisantes de peur de se retrouver seuls.

Par ailleurs, l’angoisse d’abandon les pousse à une quête affective incessante et à chercher une présence qui les protège d’être anxieux. Mais paradoxalement, elles vont se tenir à distance de l’autre, solitaires et renfermées. Elles peuvent prendre une attitude froide et même agressive.

Une fois engagé dans une relation, l’abandonnique demeure sur le qui-vive. Anxieux et manquant de sécurité affective il appréhende constamment la disparition de l’objet d’amour. Ce fantasme entraîne les sentiments de vide, de tristesse et de désespoir lesquels provoquent la jalousie, les reproches voir de l’agressivité. Ces comportements de contrôle provoquent des conflits et fini accélérer la séparation si redoutée. Cependant, l’abandonnique a rarement conscience de sa responsabilité dans l’enchainer des incompréhensions dans le couple. Il se perçoit plutôt comme la victime passive.

Pour beaucoup d’abandonniques, la relation stable est impossible et ils refusent le lien. L’abandonnique sait qu’ayant trop besoin de l’autre, il lui donne le pouvoir sur soi. Il évite donc d’établir un lien profond et privilégie la sensation, le contact superficiel à la place du lien. La distance maintenue le protège de l’angoisse de perdre l’amour et permet de donner l’image idéalisée de soi mais elle n’est pas satisfaisante et pousse à enchainent les pseudo-relations ce qui, à son tour nourrit le fantasme d’être abandonné et augmente l’instabilité affective.

Angoisse d’abandon

Les conséquences sur les relations amicales

Une personne aux prises avec l’angoisse d’abandon vit habituellement dans une vigilance anxieuse voire dans la méfiance qui dérivent de ses assises narcissiques fragiles. Elle est hypersensible et son besoin de reconnaissance, de signes d’amour et d’attachement parasite et envahisse la relation et peut devenir difficile à supporter pour les proches.

La personne abandonnique revendique l’attention sans pouvoir la demander, sans pouvoir s’affirmer calmement, elle est donc facilement déçue et ressent un sentiment d’injustice. Elle se sent constamment menacée, trahie, rejetée et donc frustrée. En conséquence, elle peut devenir distante voire agressive sans raison apparente.

Son hypersensibilité à l’attention de l’autre est souvent source de mésentente dans le couple. Les relations amicales peuvent également être pour elle source d’une grande angoisse.

L’anxiété, la peur de perdre l’amour de l’autre conduit à des attitudes d’évitement, aux séparations, à la rupture, à l’isolement et la solitude. La personne évitera l’abandon en évitant toute relation à l’autre.

Et pourtant, les personnes abandonniques ne supportent pas la solitude. Elles font tout pour ne pas se retrouver seules : elles sortent beaucoup, invitent chez elles, s’engagent dans plusieurs activités. Quand il leur arrive de rester seules, elles ressentent une forte anxiété pouvant aller jusqu’aux à la crise d’angoisse. Certains, pour anesthésier cette angoisse ont recours aux produits psychotropes, à l’alcool, au cannabis ou encore à la nourriture. Le sentiment de manquer manques d’amour et d’attention, avec l’incapacité à élaborer l’angoisse de séparation, peuvent donc conduire au développement des addictions.

D’où vient l’angoisse d’abandon ?

L’angoisse d’abandon ou de séparation est liée à l’angoisse de perte d’objet d’amour. La personne craint le rejet et a peur d’être quittée. Quand elle reste seule, elle ressent une forte angoisse, avec le sentiment de trahison, d’impuissance, d’insécurité. Ces émotions sont parfois incontrôlables. La solitude est subie.

 

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L’angoisse d’abandon est un motif fréquent de contes de fées : Jeannot et Margot, Haensel et Gretel, Le petit Poucet

Des séparations traumatisantes à l’enfance se trouvent fréquemment à l’origine de cette angoisse. Mais les traumatismes à l’âge adulte, les ruptures brutales, les conflits relationnels vécus comme violents peuvent augmenter la sensibilité d’une personne qui a des traits abandonniques.

La maltraitance ou encore les carences dans les soins précoces, des situations de détresse vécue par l’enfant perturbent les schémas relationnels tout en dégradant son image de soi. Elles peuvent donc également provoquer l’apparition de l’angoisse d’abandon.

 

Les bases de notre équilibre psychique sont posées dès l’enfance

Notre sentiment de sécurité intérieure se construit progressivement dès la petite enfance, dans l’atmosphère sécurisante du foyer familial. Mais les événements ultérieurs, les traumas vécus par les adultes peuvent aussi déstabiliser cet équilibre. Et cela d’autant plus qu’ils surviennent sur un fond déjà fragile.

Dans l’anamnèse des adultes qui souffrent de l’angoisse d’abandon se trouvent souvent des séparation d ‘avec  la mère dans la prime enfance. Un enfant hospitalisé, ou séparée de la mère qui elle est hospitalisée, vit un réel sentiment d’abandon et de rejet.

Dans certaines constellations familiales les angoisses sont transmises de génération en génération. Ainsi, une mère angoissée communiquera ses angoisses à son enfant. Si elle ressent l’angoisse d’abandon, elle aura tendance à développer une relation fusionnelle avec son petit ce qui va compromettre le processus de séparation-individuation de l’enfant, puis de l’adolescent.

Les parents doivent permettre à leurs enfants de se séparer progressivement. Il leur appartient donc de créer de bonnes conditions afin que les enfants puissent prendre de l’autonomie. Ceux qui ont été empêchés d’accomplir ce processus de séparation-individuation sauront prédisposés à se sentir dépendant des autres.

Toutefois, les causes de l’angoisse d’abandon ne sont pas les mêmes pour tous. Pour les comprendre, il faut prendre en compte les facteurs subjectifs et l’histoire personnelle de chacun.

Angoisse d’abandon

Faible estime de soi et l’angoisse d’abandon

Une faible estime de soi correspond à une image de soi dégradée et renvoie à la fragilité des assises narcissiques. Le jugement de soi trop sévère qui en dérive nous sensibilise au regard de l’autre. L’autre est pressenti comme notre juge mais c’est l’effet de notre propre jugement que nous projetons sur lui.

Le fait de se vivre ainsi dévalorisé peut nous conduire à croire que nous ne méritons pas l’autre et que l’autre va nous abandonner pour quelqu’un qui est forcément mieux que nous. Les personnes qui manquent de confiance en soi vont ainsi appréhender constamment d’être rejetées, quittées, abandonnée. Elles ne connaissent pas de quiétude émotionnelle ni relationnelle.

Avoir confiance en soi et l’estime de soi c’est s’accepter et se respecter. Acceptez-vous tel que vous êtes ? Arrivez-vous à faire respecter vos droits en contact avec les autres. Avez-vous la conviction intérieure d’être importants, d’être digne d’amour ? Avez vous le sentiment que votre vie a un sens ? Si la réponse est non vous aurez du mal à trouver satisfaction dans vos propres réalisations, vous chercherez la reconnaissance des autres et leur présence sera importante pour vous convaincre de votre valeur.

Être quitté constitue une potentielle blessure narcissique. Pour éviter cette atteinte narcissique l’abandonnique peut provoquer lui-même la rupture. Il pousse à la rupture afin d’être plutôt l’auteur que la victime de l’abandon – ça protège son narcissisme.

Angoisse d’abandon provoque la dépendance affective

Les liens précoces «sécures» constituent la base de relations constructives et gratifiantes à l’âge adulte. En effet, l’équilibre relationnel est fondé sur la confiance en soi et sur la confiance dans l’autre qui s’acquièrent avec l’attachement sécure. Une fois intériorisées, les premières relations de bonne qualité constituent le fondement de notre amour de soi. L’enfant qui n’a pas trouvé de sécurité affective dans son environnement, sera angoissée et sentira le besoin excessif de la présence de l’autre. Cette présence le rassurera. En conséquence elle lui semblera nécessaire et sans elle il ressentira de l’anxiété. En effet, ceci est la base du mécanisme de dépendance. Qui a manqué une relation proche, authentique, rassurante et éclairante dans l’enfance, ne pourra pas l’intérioriser de bons objets protecteurs et, en conséquence, aura constamment besoin de la proximité de l’autre.

Lorsque nous avons une bonne confiance en soi, nous choisissons de dépendre de celui que nous aimons (on est forcément dépendant de l’amour de l’autre quand on l’aime) mais nous savons que nous sommes capables de vivre sans lui/elle. C’est ce qui nous permet de nous affirmer, de nous faire respecter, de fixer des limites sans craindre d’être abandonné.

Le sentiment d’abandon s’estompe s’il est exprimé, éclairci, réfléchi lors d’une psychothérapie qui permettra de se dégager de l’emprise d’un passé intériorisé.

La psychothérapie pour soigner l’angoisse d’abandon

L’anxiété de séparation est associée à des appréhensions injustifiées et des pensées persistantes concernant la séparation d’avec ses proches. L’angoisse d’abandon, comme toutes les formes d’anxiété, peut se manifester également par des symptômes somatiques, par exemple des douleurs abdominales, des maux de tête, des vomissements, des nausées, des problèmes de concentration et de sommeil, une photophobie, des douleurs thoraciques et encore un essoufflement ainsi que des étourdissements. Cette anxiété de séparation peut être soignée et l’approche qui apporte le changement le plus profond est la psychothérapie.

Quelle approche thérapeutique ?

L’approche thérapeutique de l’anxiété de séparation dépendra des spécificités de chaque personne. Une personne ayant des problèmes d’attachement développé dans le contexte du complexe d’Œdipe n’a pas le même besoin thérapeutique qu’une personne ayant un fonctionnement limite, appelé aussi borderline. Chez cette dernière l’angoisse d’abandon est liée à l’attachement insécure ou désorganisé, développé à partir des attitudes chaotiques et incohérentes d »une mère qui ne respecte pas le besoin d’attachement et de sécurité de l’enfant.

Mais généralement, les approches psychothérapeutiques choisies doivent

aider à comprendre et apaiser l’anxiété,

développer des compétences émotionnelles

renforcer les compétences relationnelles

et renforcera son estime de soi.

 

Plus spécifiquement, la psychothérapie offre un espace pour travailler sur différents aspects permettant d’éviter de créer des liens basés sur la dépendance affective.

Dans la psychothérapie nous travaillons donc sur les schémas relationnels délétères à partir du récit des situations problématiques et de souvenirs liés aux relations. Faire le lien entre le ressenti émotionnel dans la relation actuelle et ce qui s’est passé dans l’enfance permet de déconstruire ces schémas. Le psychothérapeute offre le lien sécurisant et accompagne la prise de risque nécessaire pour surmonter la peur afin d’entrer en relation. Garder des liens affectifs sécurisants permet de panser sa vulnérabilité.

Dans ce cadre rassurant nous travaillons sur les processus émotionnels afin de restaurer les capacités à communiquer et à aimer sans crainte. Tout d’abord, la personne peut mettre en mots ce qui la blesse. Elle parvient ainsi à une prise de conscience de lien entre les événements de son histoire passée et son comportement actuel. 

La psychothérapie offre un espace pour travailler la confiance en soi et modifier son image de soi dégradée et les fausses croyances sur soi-même.

Cela peut prendre du temps

Plus la personne persiste dans les schémas relationnels dysfonctionnels et plus il lui sera difficiles de les modifier. Les relations délétères nous blessent et plus les blessures s’accumulent, plus elles deviennent dures à soigner. Il vaut mieux commencer le plus tôt possible.

Apprendre à respirer calmement, faire de la relaxation, la méditation de pleine conscience sont des techniques qui permettent de ressentir les émotions violentes ou désagréables de manière moins intense. Ces outils détournent votre attention de la douleur nichée au fond de vous et créent un petit espace où un travail plus profond peut commencer.

 

La psychothérapie est un processus qui prend du temps et demande un investissement personnel.

 

Formulaire de contact

 

Si votre vie est marquée par la peur d’abandon, vous pouvez consulter un psychologue – psychothérapeute ou entreprendre une psychothérapie pour soigner la blessure abandonnique.

 

La psychothérapie de l’anxiété

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