La phobie de l’avion

La phobie de l’avion – comment la comprendre ?

Toute phobie, quelque en soit l’objet, est une crainte irrationnelle, démesurée et persistante de certains objets ou situations. La phobie de l’avion est classée parmi les «phobies simples» (comme celle d’animaux). Mais elle est souvent liée à la phobie des endroits clos (appelée claustrophobie). Moins fréquemment elle peut aussi s’associer à la phobie des hauteurs.

La phobie est une des manifestations de l’anxiété. Une phobie se forme sur la base de l’angoisse préalable.

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La peur de voler, ou aérodromphobie, est un type de phobie spécifique – un trouble névrotique dans lequel l’anxiété se concentre sur un objet spécifique. Dans le cas de l’aviophobie, comme dans toutes les phobies, la peur de l’avion est une peur irrationnelle et inadaptée à la menace réelle. Cependant, le vol en avion n’est pas la véritable source des symptômes.

La formation du symptôme phobique sert donc de stratégie pour gérer l’angoisse qui résulte d’un conflit pulsionnel sous-jacent. L’angoisse issue d’un conflit intérieur est alors projetée dans la réalité extérieure. Cette stratégie est tout à fait inconsciente. Déplacer l’affect d’angoisse intérieure sur une situation (prendre l’avion), permet d’éviter l’angoisse tant que le phobique n’a pas à prendre l’avion. Cela permet d’éviter l’angoisse flottante qui parait particulièrement désagréable et parfois envahissante.

L’origine de la phobie de l’avion

Pour comprendre l’origine de la phobie chez chaque individu il faut tenir compte des facteurs individuels de la formation du symptôme. La formation du symptôme passe par le mécanisme du déplacement : une représentation vient à la place d’une autre pour cacher les conflits intérieurs ou les désirs interdits. Prendre l’avion représente l’action inconsciemment redoutée. Par un jeu de représentations l’objet phobogène (avion) devient donc le support de projection de l’angoisse interne. C’est l’angoisse que ressent le sujet en lien avec la représentation angoissante de désir ou de violence interne. Ce processus de substitution de représentations se passe de manière inconsciente en suivant les associations symboliques inconscientes.

L’anxiété se trouve à la base de toute phobie. Les anxieux appréhendent généralement les situations dans lesquelles ils n’ont pas de contrôle. Et la situation d’avion renvoie en effet à ce manque de contrôle, dans l’avion bous sommes passifs – notre vie dépend du pilote.

Chez certains sujets ayant développé la phobie de l’avion, la fixation de l’angoisse a été précipitée lors d’un évènement traumatique tel de très fortes turbulences vécu lors d’un vol.

Les manifestations de la phobie de l’avion

Les phobies se manifestent par un certain nombre de symptômes qui varient selon la personne. Ils peuvent être plus ou moins intenses. Cela peut aller jusqu’à une attaque de panique.

Les phobies sont souvent relativement bien tolérées, notamment les phobies où la situation phobogène est relativement facile à éviter. L’évitement est un mécanisme de défense partiellement inconscient qui permet de réduire l’angoisse.

Classiquement la phobie se manifeste par des poussées d’angoisse. Lors de crises peu intenses le sujet peut rougir, être tendu, ressentir un engourdissement ou des picotements, ou encore des tremblements des mains ou de la voix.

La phobie étant une expression de l’anxiété, nous trouverons régulièrement chez une personne phobique d’autres manifestations anxieuses telles que l’anticipation anxieuse des situations redoutées. Ainsi, les personnes présentant une phobie d’avion appréhendent des voyages en avion. Cette appréhension mène à l’évitement qui en conséquence rend le voyage en avion de moins en moins familier. Lorsque la phobie d’avion est très intense, elle peut devenir très handicapante. En effet, elle peut restreindre considérablement la liberté de déplacement de la personne qui en souffre. Cela peut rendre les voyages impossibles ce qui peut pour certains provoquer des difficultés professionnelles. Nous pouvons nous attendre à l’augmentation de manifestations de phobie d’avion après une longue interruption de voyages en avion imposée par le confinement.

Lorsque la confrontation avec la situation phobogène ne peut être évitée, le phobique ressent de l’angoisse plus ou moins forte. Il s’agit de symptômes de nature neurovégétative de type :  sentiment d’oppression ou d’étouffements, difficultés respiratoires, douleur du thorax, perturbation du rythme cardiaque, transpiration ou frissons, nausées… Ces symptômes s’accompagnent d’une peur de perdre le contrôle, de devenir fou ou de mourir.

Soigner les phobies

Soigner ou pas une phobie dépend du degré de sévérité. Les personnes qui ne sont pas limitées par la phobie et la tolèrent assez bien ne sont pas motivées à la soigner.

La phobie est une stratégie inconsciente de gestion de l’angoisse : le sujet projette son angoisse interne (conflit ou désir interdits) sur un objet ou une situation qui de ce fait devient dangereux en dépit de toute logique. Elle sert donc à gérer l’angoisse que la psyché ne parvient pas à élaborer par des moyens plus opérants.

Phobie comme défense 

L’élaboration de moyens de défense plus adaptés et plus opérants est possible dans des psychothérapies intégratives ou psychodynamiques. Il s’agit de trouver avec le sujet qui présente le symptôme, la signification profonde, parfois inconsciente de l’objet ou de la situation phobogène.  C’est alors que les éléments qui ont conduit à la formation des symptômes pourront être mis en évidence. Ces liens sont élaborés dans le travail psychothérapique afin de favoriser le processus de la maturation. Le patient acquiert de la distance par rapport aux objets phobogènes et progressivement reprend confiance dans ses capacités et son angoisse baisse en conséquence. Un retour à des états émotionnels plus calmes est alors possible.

Si les symptômes de phobie sont handicapants, un traitement médicamenteux peut aider. Parmi les traitements médicaux, les antidépresseurs servent dans certaines situations. En effet, les symptômes phobiques s’inscrivent fréquemment dans un état anxio-dépressif.

Les anxiolytiques peuvent être utilisés ponctuellement pour gérer l’angoisse afin de pouvoir effectuer le voyage.

L’hypnose ou les thérapies cognitivo-comportementales (TCC) permettent de gérer l’anxiété dans les situations phobogènes. Les TCC utilisent entre autres la technique de la confrontation, dans un cadre rassurant, à l’objet ou à la situation phobogène. L’exposition régulière et progressive, par exemple grâce à un simulateur de vol, augmente la capacité du patient à se confronter à la situation phobogène en réduisant la peur qu’il ressent.

 
Quelle psychothérapie pour la phobie de l’avion ?

patient avec le psychologue - psychothérapie pour la phobieLes aménagements phobiques peuvent apparaitre au sein de différents types de fonctionnement psychique. Les symptômes phobiques peuvent s’inscrire dans un fonctionnement névrotique (hystérophobique ou phobo-obsessionnel) ou dans un fonctionnement psychotique ou limite (borderline).

C’est donc le contexte dans lequel s’inscrit le symptôme phobique qui sera déterminant pour choisir l’approche psychothérapeutique ou/et le traitement médicamenteux pour soigner la personne qui souffre. Le travail de psychothérapie n’est pas le même selon l’intensité du symptôme ou encore selon s’il s’agit d’une phobie isolée ou phobies multiples, accompagnée d’éléments interprétatifs ou inscrite dans un ensemble de symptômes évocateur d’autres troubles psychiatriques.

 
Comment se rassurer avant de prendre l’avion ?

La relaxation avant et pendant le vol, associée à une huile essentielle apaisante comme ylang-ylang, la lavande vraie, ou encore la marjolaine à coquilles procure un certain soulagement.

Les personnes sujettes à de fortes crises de panique peuvent prendre exceptionnellement un anxiolytique afin de pouvoir effectuer le vol.

Il est important de bien choisir son siège. Certains préfèrent les places de hublot car cela leur permet de détourner l’attention de l’impression de l’enfermement. D’autres au contraire, se sentent plus à l’aise coté couloir car ils peuvent se lever et se déplacer plus librement.

Aussi, exprimer ses émotions à une personne compréhensive et rassurante peut soulager. Les équipages dans les avions sont bien préparés à gérer avec tact et discrétion les réactions phobiques, y compris les attaques de panique. Ils les gèrent d’autant mieux qu’ils soient prévenus. Il ne faut pas avoir honte ni cacher sa phobie mais, au contraire, la signaler avant de monter à bord.

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