La formation du symptôme phobique sert donc de stratégie pour gérer l’angoisse qui résulte d’un conflit pulsionnel sous-jacent. L’angoisse issue d’un conflit intérieur est alors projetée dans la réalité extérieure. Cette stratégie est tout à fait inconsciente. Déplacer l’affect d’angoisse intérieure sur une situation (prendre l’avion), permet d’éviter l’angoisse tant que le phobique n’a pas à prendre l’avion. Cela permet d’éviter l’angoisse flottante qui parait particulièrement désagréable et parfois envahissante.
L’origine de la phobie de l’avion
Pour comprendre l’origine de la phobie chez chaque individu il faut tenir compte des facteurs individuels de la formation du symptôme. La formation du symptôme passe par le mécanisme du déplacement : une représentation vient à la place d’une autre pour cacher les conflits intérieurs ou les désirs interdits. Prendre l’avion représente l’action inconsciemment redoutée. Par un jeu de représentations l’objet phobogène (avion) devient donc le support de projection de l’angoisse interne. C’est l’angoisse que ressent le sujet en lien avec la représentation angoissante de désir ou de violence interne. Ce processus de substitution de représentations se passe de manière inconsciente en suivant les associations symboliques inconscientes.
L’anxiété se trouve à la base de toute phobie. Les anxieux appréhendent généralement les situations dans lesquelles ils n’ont pas de contrôle. Et la situation d’avion renvoie en effet à ce manque de contrôle, dans l’avion bous sommes passifs – notre vie dépend du pilote.
Chez certains sujets ayant développé la phobie de l’avion, la fixation de l’angoisse a été précipitée lors d’un évènement traumatique tel de très fortes turbulences vécu lors d’un vol.
Les manifestations de la phobie de l’avion
Les phobies se manifestent par un certain nombre de symptômes qui varient selon la personne. Ils peuvent être plus ou moins intenses. Cela peut aller jusqu’à une attaque de panique.
Les phobies sont souvent relativement bien tolérées, notamment les phobies où la situation phobogène est relativement facile à éviter. L’évitement est un mécanisme de défense partiellement inconscient qui permet de réduire l’angoisse.
Classiquement la phobie se manifeste par des poussées d’angoisse. Lors de crises peu intenses le sujet peut rougir, être tendu, ressentir un engourdissement ou des picotements, ou encore des tremblements des mains ou de la voix.
La phobie étant une expression de l’anxiété, nous trouverons régulièrement chez une personne phobique d’autres manifestations anxieuses telles que l’anticipation anxieuse des situations redoutées. Ainsi, les personnes présentant une phobie d’avion appréhendent des voyages en avion. Cette appréhension mène à l’évitement qui en conséquence rend le voyage en avion de moins en moins familier. Lorsque la phobie d’avion est très intense, elle peut devenir très handicapante. En effet, elle peut restreindre considérablement la liberté de déplacement de la personne qui en souffre. Cela peut rendre les voyages impossibles ce qui peut pour certains provoquer des difficultés professionnelles. Nous pouvons nous attendre à l’augmentation de manifestations de phobie d’avion après une longue interruption de voyages en avion imposée par le confinement.
Lorsque la confrontation avec la situation phobogène ne peut être évitée, le phobique ressent de l’angoisse plus ou moins forte. Il s’agit de symptômes de nature neurovégétative de type : sentiment d’oppression ou d’étouffements, difficultés respiratoires, douleur du thorax, perturbation du rythme cardiaque, transpiration ou frissons, nausées… Ces symptômes s’accompagnent d’une peur de perdre le contrôle, de devenir fou ou de mourir.