Soigner la névrose
En lien avec le refoulement, les affections névrotiques sont particulièrement tenaces sans pourtant mettre la vie en danger. Lorsque la névrose parvient à handicaper notre vie elle doit être soignée.
Selon la théorie psychanalytique les névroses trouvent leur origine dans des expériences traumatisantes et par conséquent refoulées de l’enfance. Pour soigner la névrose, la psychothérapie demande au patient de retrouver les souvenirs de ces expériences refoulées. Une fois que les expériences traumatiques oubliées sont ramenées à la conscience, le patient peut confronter ces évènements. Leur expression par des paroles à une effusion soudaine d’émotions qui s’y rattachent et qui sont restées bloquées. Ce phénomène appelé «catharsis» permet de libérer et décharger les émotions et d’élaborer les éprouvés du traumatisme.
Les névroses sont une bonne indication pour une psychothérapeutique psychodynamique ou une psychothérapie integrative. L’expression des affects par la parole, leur mise en mots n’est pas facile pour un certain nombre de personnes. Aussi, les techniques corporelles peuvent contribuer à soulager, dans un premier temps, les manifestations somatiques liées à la souffrance névrotique. L’approche corporelle permet d’observer et d’analyser les états du corps qui étaient ignorés jusque-là. Les liens que le patient fait au cours de la thérapie, la symbolisation et la prise de conscience offrent la compréhension et en conséquence, le soulagement de la souffrance.
Pour en savoir plus
Définition de la névrose – développement historique
Un médecin écossais, William Cullen, a créé ce terme à la fin du XVIIIè siècle à partir du mot « nerve » et du suffixe « ose » venant du « ôsis » grecque désignant la maladie (comme dans arthrose ou toxoplasmose).
Les psychanalystes définissent la névrose comme une affection psychogène où les symptômes sont l’expression symbolique d’un conflit psychique trouvant ses racines dans l’histoire infantile du sujet et constituant des compromis entre le désir et la défense.
Initialement, le terme était utilisé pour désigner indistinctement toutes les maladies ayant trait au système nerveux telles que l’hystérie, les psychoses ainsi que les affections neurologiques comme l’épilepsie. La distinction entre les maladies neurologiques liées à une atteinte du système nerveux et les maladies « des nerfs », psychogènes, sans lésion neurologique apparaît au XIXè siècle. Suite aux travaux de Janet, Charcot et surtout de Freud la distinction entre les maladies neurologiques et les affections psychologiques sera précisée et le terme de névrose continue d’être utilisé aujourd’hui pour ces dernières.
Névrose versus psychose
La classification diagnostique des affections psychique s’appuie sur l’opposition kraepelinienne entre la névrose et la psychose. Emil Kraepelin est généralement cité comme le père de nosographie de base des affections psychiques. Sa classification repose sur différentes causalités : interne pour les psychoses et externe pour les névroses.
L’apport freudien à la compréhension de la névrose
Avant l’émergence de la catégorie de « borderline » au milieu du 20e siècle, les thérapeutes distinguent les deux catégories de la pathologie psychique : névrotique et psychotiques. La différence centrale entre les deux consiste en ce que les névrosés se distinguent par une bonne inscription dans la réalité alors que les psychotiques perdent le contact avec la réalité.
Les travaux cliniques de Freud ont permis de comprendre que le fonctionnement névrotique ne se limite pas à la maladie. Il a souligné la continuité entre le normal et le pathologique. Ainsi, l’aménagement névrotique existe chez certaines personnes de manière relativement souple et équilibrée alors que chez d’autres personnes, les symptômes névrotiques empêchent de vivre, de travailler et d’aimer. Freud écrivait : « les névrosés sont les hommes tout comme les autres, ils tombent malades des mêmes complexes que ceux avec lesquels […] les bien portants sont en lutte. Mais les bien portants savent maîtriser ces complexes sans gros dommages, alors que les névrosés ne réussissent à réprimer ces complexes qu’au prix de coûteuses formations de substitut, c’est à dire que pratiquement ils y échouent. »
Même si elle est trop simplifiée, la conceptualisation de Freud de différents degrés de pathologie psychique a ouvert la porte au développement de classifications plus complètes et plus nuancées. Elle a également permis d’enrichir différentes approches thérapeutiques et les adapter aux différents types de difficultés. Freud a aussi ouvert la voie à la compréhension des mécanismes psychologiques sous-jacents.
Freud a commencé à faire la distinction entre une névrose obsessionnelle chez une personne par ailleurs non obsessionnelle et un caractère obsessionnel-compulsif.
Les communautés psychanalytiques, ont décrit par la suite, une nouvelle distinction au sein de la catégorie névrotique entre « névroses symptomatiques » et les « névroses de caractère ». Cette distinction entre les symptômes névrotiques et la personnalité névrotique reste importante pour déterminer l’approche psychothérapeutique.
Complexification des modèles explicatifs
Les psychologues et les psychothérapeutes ont continué à chercher à rendre compte des effets de plusieurs autres facteurs sur le fonctionnement névrotique. Les expériences d’attachement, sécure ou pas, ainsi que les éventements traumatiques provoquent des réactions variables. Ces épreuves modifient notamment la préoccupation centrale de chaque personne. Pour les uns il s’agira de la sécurité, pour d’autres, de l’autonomie ou encore de l’identité. Selon son histoire de vie le névrosé présentera aussi un type d’anxiété différent : anxiété d’annihilation, anxiété de séparation, ou des craintes spécifiques de punition, ou encore de perte de contrôle. Le type du lien à l’objet sera également différent : symbiotique, de type séparation-individuation ou œdipien. Tous ces facteurs, ainsi que les capacités relationnelles ou le sentiment de soi constituent des dimensions qui induisent une grande variété au sein des fonctionnements névrotiques.
La névrose – qu’est-ce que c’est ?