Mais pourquoi cet enfant dans le corps d’un homme, repousse-t-il d’être adulte ?
Être adulte représente un défi difficile à relever. Devenir adulte angoisse le jeune qui manque gravement de confiance en soi, il entend donc rester un enfant pour toujours.
Est-ce réellement un choix ?
Accepter de ne plus être enfant, c’est accepter le temps qui passe. Faire le deuil de son enfance est la tâche qui attend tout adolescent. En grandissant nous devons accepter des pertes des désillusions. Grandir c’est vieillir, et vieillir c’est mourir un jour. Certains, pour arrêter le temps font le choix de s’accrocher à l’idéal infantile. Pour eux grandir c’est faire ce que l’on veut, en accord avec les promesses « tu feras ce que tu veux quand tu seras grand ». Renoncement est toutefois nécessaire pour accéder à la maturité.
Afin de mûrir, les représentations infantiles de Soi et du monde doivent se transformer, sans quoi l’adolescent reste bloqué.
Grandir apporte aussi son lot de déceptions dont l’acceptation est une castration symbolique nécessaire pour garder un équilibre face à la réalité. De plus, à l’adolescence, l’équilibre narcissique est mis à rude épreuve. L’adolescent fait l’expérience de son incomplétude et se trouve fragilisé narcissiquement par la confrontation avec le défi de maturité.
Le héros de Barrie ne veut pas devenir adulte. En réalité, dans le syndrome il ne s’agit pas tant d’un refus conscient mais plutôt d’une difficulté à affronter le monde adulte.
Syndrome de Peter Pan – une fuite devant les responsabilités et les engagements.
Les sujets présentant ce syndrome peuvent par exemple refuser un emploi ou des tâches de vie quotidienne. De surcroit, ils s’attendent à ce que tout le monde autour d’eux soutienne leur mode de vie.
Ils sont immatures émotionnellement et ont des difficultés à supporter la frustration. Face à l’adversité ils peuvent avoir des réactions d’enfant, ne pas contrôler leurs émotions, s’offusquer ou devenir furieux. Rapidement frustrés et débordés émotionnellement face à des situations difficiles ils n’arrivent pas à les gérer. Ils ont des difficultés à organiser leur emploi du temps.
Vivant dans l’illusion de liberté absolue, Peter Pan évite l’implication au travail et multiplie les relations sans engagement. En effet, nouer des liens est compliqué pour lui. Il est déchiré entre des sentiments contradictoires d’être heureux avec un partenaire et se sentir contraint et frustré par les besoins de l’autre.
Fragile narcissiquement, il ne parvient pas à faire face aux critiques et va blâmer les autres.
Passionné du plaisir, Peter Pan affiche le bonheur apparent et tente de cacher à soi-même comme aux autres les fissures qui lézardent son équilibre psychique. Il semble mener une vie insouciante sans remarquer les obligations et les contraintes et les difficultés de la vie.
Il vit dans l’illusion de paradis perdu de l’enfance liée à la difficulté d’élaborer et d’accepter la perte des idéaux de l’enfance.
L’instabilité émotionnelle le mène vers la fuite dans la drogue qui aide à maintenir le déni de la réalité mais conduit parfois à des drames.
En quête d’identité, il peut rester accroché à l’image d’une idole et multiplier des projets grandioses sans jamais les réaliser.
Le vernis d’apparence se fissure avec le temps pour dévoiler une réalité plus sombre : des angoisses, une tristesse et un vide intérieur.