Le bon narcissisme c’est le sentiment juste de sa propre valeur
Le terme « narcissique » s’adresse souvent aux personnes dont le fonctionnement psychique s’organise autour du maintien de leur estime de soi en obtenant la confirmation de leur valeur de l’extérieur d’eux-mêmes à défaut de la ressentir soi-même.
Certaines idées reçues sur le narcissisme font fi de l’importance de la cohésion de soi, de la nécessité d’autonomie ou d’estime de soi. La régulation narcissique n’intéresse que lorsqu’elle dérange par son absence ou par son excès.
Pourtant, certaines fonctions narcissiques saines, telles que le sentiment juste de sa propre valeur, la capacité de prendre soin de soi-même, la possibilité de rivaliser avec les autres ainsi que la faculté de se protéger et de se défendre, sont nécessaires pour conserver un équilibre psychique et pour avoir des relations équilibrées. Parfois, se mettre en avant ou vouloir être un leader peut être une qualité.
En effet, le narcissisme fait référence à des bons sentiments et attitudes envers soi-même. C’est la base d’une estime de soi, de sentiment d’identité qui sont la base de relations saines avec les autres. L’économie narcissique bien construite permet aux gens de rester en paix avec eux-mêmes et avec les autres.
Un narcissisme sain joue un rôle clé dans la capacité à faire face aux défis, aux succès et au changement. Le bon narcissisme assure l’autorégulation et le développement et permet ainsi de surmonter les échecs, les maladies, les traumatismes et les pertes. Grâce à cette autorégulation nous pouvons être créatif, aimer, ressentir du bonheur, et accepter le cours de votre propre vie.
Mais comment se forme le bon narcissisme ?
Mais alors où trouve-t-on cette réassurance narcissique qui permettrait de s’aimer soi-même et d’aimer l’autre d’un même mouvement ?
Nicole Jeammet
Moins souvent décrit dans les médias, le fonctionnement narcissique positif est volontiers tenu pour acquis. Toutefois, cette acquisition est complexe car en large partie déterminée par les autres, y compris à travers l’héritage générationnel, ainsi que par les conditions de vie.
Aussi, des carences ou des négligences ou, au contraire, sur-satisfaction des besoins émotionnels peut empêcher le développement d’un bon ego, fort et flexible.
Dans le développementale de la psyché le bon narcissisme se construit d’emblée en lien avec l’autre. Les modalités de la construction du psychisme lors des deux premières années de la vie conduisent à une évolution plus ou moins favorable de l’identité stable et de l’image de soi.
Cette image de soi se construit dans la relation fiable et aimante. Être aimé nous donne, dès l’enfance, le sentiment d’être aimable, donc d’être bon. Le bon narcissisme c’est l’amour de soi juste et approprié, sans défaut ni excès. Cet amour de soi est reçu de ceux qui nous ont aimés et deviendra la source de notre capacité d’aimer.
La rencontre avec l’autre est donc fondamentale dans la constitution de notre propre sentiment d’identité et dans la création d’une représentation de soi. Les expériences affectives de bonne qualité avec l’autre sont déterminantes pour une solide intégrité narcissique et pour une estime de soi stable.
Le lien et la distance avec l’autre
Le bon narcissisme suppose la distinction entre soi et non soi, et entre dedans et dehors. Cette distinction est acquise lorsque le besoin premier du contact et de sécurité est satisfait. C’est ce qui permet la constitution de soi et les fondements de l’identité. C’est la mère qui lui permettra de se différencier d’elle, de se séparer en dépassant l’angoisse de séparation. La première relation d’amour c’est une relation confusionnante, dans laquelle l’enfant n’a pas encore conscience de soi.
Le sentiment de continuité psychique, le sentiment de sécurité intérieur et donc l’absence des angoisses dérivent de la continuité des soins reçus.
Aussi, c’est l’entourage et, en premier lieu la mère, qui nous permet d’apprendre à nous aimer, en nous donnant de l’amour sans empiètement ni confusion des places. La mère s’accorde à son enfant en lui permettant d’apaiser d’une part ses angoisses et d’autre part les angoisses d’intrusion.
Ensuite, grâce aux identifications structurantes, aux échanges vivants et nourrissants avec nos proches nous apprenons à nous aimer et nous développons la capacité d’aimer les autres. Les relations avec les parents sont fondamentales mais relation entre les parents est également importante pour donner une base d’identification.
Le narcissisme, la croyance en sa propre bonté
L’amour de soi implique la croyance en sa propre bonté et en sa propre capacité d’aimer. Le rôle de la mère est fondamental en ce qu’elle aide le nourrisson à contenir ou à métaboliser ses expériences affectives dont la colère et à réguler la violence. « L’idéal du moi » est un élément constitutif central d’un narcissisme sain, fondé sur l’identification aux parents ou à d’autres figures idéalisées. Un autre aspect du narcissisme est le soin de soi, qui implique l’auto-préservation et un sentiment juste d’avoir le droit d’être satisfait tout en ayant la capacité à supporter la frustration.
La reconnaissance et le respect d’altérité
L’ambition, les efforts pour atteindre des objectifs réalistes ou pour gagner sont basée sur une bonne estime de soi. A condition d’avoir des attentes affectives et relationnelles réalistes et des exigences adaptées. Une bonne régulation narcissique offre une base pour se sentir valable et légitime et permet donc une affirmation de soi.
L’estime de soi implique l’expérience de l’autonomie intérieure et du contrôle de ses propres pensées, sentiments et impulsions. La cohésion narcissique offre la capacité de réfléchir, d’être conscient de ses propres émotions, même négatives comme la honte, la jalousie et l’empathie sans s’effondrer.
