Quand la sidération nous pétrifie
Face à d’effroi ressenti à l’occasion d’un violent traumatisme qui menace l’intégrité physique et psychique, le psychisme se bloque, reste paralysé, et ne peut plus penser ce qui lui arrive. Ne pouvant pas identifier ce qui est en train de se passer, la victime ne peut pas mettre en place une réaction appropriée. Elle est figée, tétanisée et en conséquence ne peut pas se défendre. Elle s’immobilise et donc ne peut pas fuir, ni crier ni bouger. La sidération bloque l’organisme dans toutes ses composantes : perceptive, motrice, cognitive et affective.
Formes mineures de la sidération du psychisme
La sidération peut se manifester également dans des situations moins traumatiques et peut se produire dans la vie quotidienne.
Par exemple, la sidération du psychisme, une forme d’anéantissement du fonctionnement subjectif, peut se manifester après un deuil inattendu et brutal, par exemple suite au suicide d’un enfant.
Ou encore, un enfant qui assiste à une scène sexuelle, qui n’a pas encore la capacité de comprendre ce qui se passe, va subir une perte de sens et un vivre sentiment d’humiliation et de culpabilité qui vont le sidérer, le geler affectivement et cognitivement.
Micro-sidérations
Par ailleurs, Freud a remarqué qu’un jeu de mots dépourvu de sens peut nous sidérer. Face à un mot d’esprit, le sujet reste scotché car subitement coupé de ses repères, et pendant un instant il ne peut se représenter le réel. Ainsi, un langage paradoxal qui, en abusant le sens des mots les vide du sens, provoque la sidération des processus de pensées.
Même s’il s’agit là d’une micro-sidération, lorsque cet état est répété, il peut aussi amener à une rupture des liens associatifs, à un blocage durable des processus cognitifs et un débordement émotionnel.
Ainsi, face à quelqu’un qui tient des propos paradoxales ou blessant, dégradants, nous pouvons nous retrouver temporairement incapables de penser et encore moins de répondre ou se défendre. Les pervers et les harceleurs ont tendance à utiliser un discours incohérent ou paradoxal afin de déstabiliser leur victime pour obtenir la soumission ou garder l’emprise. La sidération peut donc aussi être une des conséquences du harcèlement et des messages paradoxaux qui sidèrent la pensée.
La sidération peut être provoquée par les médias et surtout par la télévision qui déverse quotidiennement des images dont l’objectif est de choquer pour attirer les spectateurs. Ces images suscitent l’émotion qui saisit, stupéfait, et sidère à minima. Mais répétée à l’infini pendant des années, ces micro-déconnections annihilent notre capacité de penser.