La dissociation traumatique

La dissociation traumatique se met en place lorsqu’un individu vit un sentiment de terreur lors d’une menace, réelle ou supposée, à son intégrité ou à celle d’autrui. Ce mécanisme psychologique puissant se déclenche lorsque nous nous trouvons face à la violence insupportable d’un événement vécu comme insensé et irreprésentable. En effet, devant une angoisse majeure, par exemple, l’angoisse de mourir ou l’angoisse de tout perdre le psychisme peut disjoncter.

dissociation traumatique

La disruption se produit en conséquence d’un traumatisme émotionnel qui peut être provoqué par une agression physique ou sexuelle, suite à un accident ou un acte de terreur. Parfois un deuil brutal et mal accompagné ou tout autre événement traumatique est à l’origine de ce bouleversement affectif qui amènera la dissociation de certaines fonctions. De même, les tortures, les maltraitances prolongées, les abandons ou la négligence, provoquent les flux sensoriels d’une telle intensité qu’elle déclenche le phénomène de dissociation.

Comment se manifeste la dissociation traumatique

La sidération psychique frappe celui qui est obligé de regarder en face l’horreur dévoilée. Le psychisme pétrifié se divise alors en plusieurs parties pour éviter l’angoisse autrement insurmontable.

Ceci se manifeste par la dissociation de certaines fonctions psychiques normalement intégrées telles que l’identité, la mémoire, la perception. Une rupture du sentiment de l’identité peut s’accompagner d’un sentiment d’étrangeté, de manque de cohérence intérieure ou encore de dépersonnalisation. La conscience est altérée, le sujet se sent détaché de lui-même, il a l’impression de s’observer de l’extérieur, de fonctionner comme un automate.

Cet état de sidération provoque également la confusion et peut rendre difficile le repérage temporo-spatial. La personne ainsi dissociée aura le sentiment de vide ainsi que des moments d’absence. Elle a l’impression de flotter au-dessus du réel. La déréalisation est un sentiment de perception modifiée du monde, coupée des expériences antérieures.

 

Amnésie dissociative

La dissociation est un mécanisme qui consiste à faire face à des événements traumatisants accablants en séparant les expériences perceptives, sensorielles, par exemple visuelles, mais aussi émotionnelles du niveau de conscience actuel. Les expériences peuvent être déconnectées les unes des autres, ainsi qu’exclues du récit personnel. Ces fragments « détachés » des expériences traumatiques, généralement de nature perceptive ou sensorielle, deviennent la base du syndrome de reviviscence.

Pendant quelque temps, quelques heures ou quelques jours, n’enregistre plus ce qu’il vit.  Il n’aura donc aucun souvenir conscient. L’amnésie n’est pas pour autant complète. En effet, les évènements traumatiques peuvent revenir dans les rêves ou faire l’objet d’évocation brutale sous forme de flash-back. Au cours de ces derniers, le sujet se voit généralement en troisième personne.

La mémoire à long terme peut également se trouver perturbée avec l’altération d’accès aux souvenir et l’apparition des lacunes biographiques.

Cette division de l’appareil psychique en des parties dissociées est assurée par une série de mécanismes de défense parmi lesquels le plus puissant est le déni. Le déni, en association avec le clivage se mettent en place de manière inconsciente pour diminuer la souffrance. Soutenus par l’évitement ou encore les mécanismes obsessionnels de contrôle ils sont toutefois rarement suffisants.

La dissociation traumatique est en effet une forme de défense psychologique.

Les conséquences de la dissociation traumatique

La dissociation traumatique provoque une anesthésie de l’émotion.  Ce gèle émotionnel empêchera alors le sujet de réagir voire même de percevoir de manière adéquate.

Une éprouvé de terreur vécu, par exemple l’expérience de mort imminente, peut se re-manifester pendant longtemps sous forme de bouffés d’angoisse et d’attaques de panique. Les séquelles peuvent apparaitre également au niveau somatique par exemple sous forme des douleurs ou encore des nausées.  La peur de devenir fou, le repli sir soi ou la gêne relationnelle peuvent également être provoquées par la dissociation traumatique.

La dissociation traumatique peut s’accompagner d’autres symptômes, comme l’anxiété ou la dépression, avec leur cortège de signes handicapants. En effet, les problèmes de sommeil y retrouvent les plaintes somatiques, l’auto et l’hétéro-agressivité, un vacillement identitaire ou encore les tentatives de suicide.

Face à de fortes angoisses, par exemple celle de la mort, le psychisme de l’individu sidéré reste bloqué. En conséquence il n’a plus la capacité de penser ce qui lui arrive. C’est le déni qui en coupant la psyché d’une partie de la réalité entraîne la sidération de la pensée.

Changements dans la perception de soi

Les victimes de la dissociation traumatique développent une image de soi négative. Ils se considèrent comme impuissants, inefficaces, et peu attrayants aux yeux des autres. Cette perception de soi est le résultat du sentiment d’une totale impuissance qui les fait perdre toute confiance en soi.

La dissociation traumatique associée à un profond sentiment d’impuissance qui fait perdre la foi que la vie a un sens ou un but. Elle a un profond impact sur la capacité à faire des choix importants, à agir en son propre nom ou à apporter des changements dans sa vie. En conséquence, les victimes développent une dépression.

Symptômes somatoformes de la dissociation 

Parfois c’est au niveau corporel que la dissociation se manifestera. La personne ne ressent alors aucune douleur ou aucune autre sensation dans certaines parties du corps alors que le trauma provoque une forte douleur. La disruption dans la personnalité permet en fait de fuir la douleur.

A l’opposé, une personne traumatisée peut garder en mémoire et ressentir longtemps après l’évènement traumatique, des atroces douleurs. Ces douleurs parviennent alors d’une des parties dissociées de la personnalité.

En conséquence de la dissociation, la victime perd la capacité de parler de l’événement traumatique. Cela peut faire apparaître un ensemble de symptômes physiques à la place des mots, qui remplaceront le message de douleur émotionnelle. En effet, les victimes de trauma peuvent ne ressentir aucune détresse psychologique, et parler uniquement de leur problèmes somatiques.

Le trauma a des effets néfastes sur le développement psychomoteur, peut même l’interrompre. Si le traumatisme survenu au début de la vie affecte le processus ultérieur de maturation.

 

La psychothérapie et le rôle du tiers

Il s’agit de favoriser les approches visant à réduire l’anxiété. La partie plus difficile mais très importante consiste à nommer les choses afin de donner du sens. Le psychothérapeute aide à rassembler de façon cohérente les représentations, les affects, les sensations ou encore les perceptions dissociés les uns des autres.

Un des objectifs de la thérapie concerne l’élaboration du trauma et celle des croyances erronées, par exemple la culpabilité ou le sentiment d’impuissance apprise. La restauration de l’image de soi souvent dégradée est également primordiale quoique moins spécifique aux troubles dissociatifs.

 

La dissociation et le conflit intérieur

Il arrive, quand le psychisme ne peut plus contenir le conflit intérieur, que la dissociation devient nécessaire. Dans l’incapacité de représenter, d’élaborer ou de contenir le conflit , le sujet va le rejeter hors psyché, en se débarrassant par là même d’une partie de soi.

 

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