La névrose obsessionnelle ou la folie du doute

 

La névrose obsessionnelle se caractérise surtout par une certaine rigueur du comportement qui reflète l’énorme effort défensif contre les désirs inconscients liés à la sexualité et à l’agressivité. La culpabilité inconsciente que provoquent ces désirs inconvenants est à l’œuvre dans la névrose obsessionnelle.

Le symptôme essentiel de la névrose obsessionnelle sont des obsessions et des compulsions. Elles sont liées au conflit intrapsychique qui ne trouve pas d’autre mode de compromis.

Le mot obsession est emprunté au latin obsessio qui signifie l’action d’assiéger, le blocus. L’esprit est comme assiégé par des pensées, des images, des doutes ou des craintes qui paralysent le fonctionnement psychique.

La Dentellière de Johannes Vermeer, Le Louvre

Toutes ces productions qui s’imposent à n’importe quel moment à l’esprit du sujet sont involontaires et angoissantes. La pensée se noie dans les doutes et dans les détails, au détriment de l’essentiel. Le sujet reconnait le caractère inadapté voire absurde de ces idées et gestes mais lutter contre leur apparition reste inefficace.

Le discours obsessionnel est plutôt abstrait et rend mal compte du “théâtre privé ”de l’obsessionnel où se jouent bien des conflits intérieurs. En effet, la maîtrise et la rétention servent à ne rien laisser s’échapper.

 

De la personnalité obsessionnelle à la névrose obsessionnelle

Une activité mentale débordante, de nombreux rituels, de vérifications constantes, de la rumination, un certain perfectionnisme et une grande rigueur – tous ces traits peuvent être plus ou moins intenses.

Tout dépend de l’intensité et du contexte dans lequel s’inscrit le fonctionnement obsessionnel…

Lorsque la rigueur, par exemple, n’est pas excessive, elle constitue juste un trait de personnalité obsessionnelle d’une personne avec une organisation de la personnalité normalo-névrotique. Dans ce cas, elle peut être fort utile dans les investissements scolaire ou professionnel. Ce type de personnalité favorise une bonne organisation, la ponctualité, l’exactitude ou encore les capacités d’analyse et de synthèse. Mais dans la névrose obsessionnelle, cette rigueur devient rigidité. Sermonnés par la conscience morale, issue d’un surmoi par trop puissant, les névrosés se sentent contraints, de manière incoercible, à des comportements tels que les rites conjuratoires ou les vérifications.

Ces comportements s’imposent ainsi jusqu’à devenir des compulsions parfois invalidantes. Le souci de l’ordre et du rangement devient compulsif, le plaisir de collectionner peut se transformer en accumulation d’objets, et la tendance à l’économie en avarice. D’autre part le sujet est envahi par des pensées obsessionnelles. C’est pourquoi, la lutte contre ces compulsions et ces obsessions prend toute la place sans pour autant apporter ne serait-ce qu’un peu de souplesse.

Chez certaines personnes l’obsession s’inscrit dans la personnalité borderline, comme chez l’homme aux loups d’un jeune homme russe de vingt-deux ans que Freud traita entre 1910 et 1914.

Il existe des rapports étroits entre les états obsessionnels et la psychose. Les troubles obsessionnels sévères peuvent en effet être le dernier rempart face à l’envahissement par de processus psychotiques. L’obsessionnel utilise alors ses pensées, ses ruminations pour conjurer la décompensation psychotique.

 

Les relations et la névrose obsessionnelle

L’obsessionnel pousse à l’extrême le sens du devoir et de la morale ainsi que le besoin du contrôle de soi mais aussi des autres. Ce perfectionnisme, ces exigences démesurées peuvent mener à un autoritarisme qui provoque un mal-être aussi bien chez les obsessionnels que dans leur entourage. Le surmoi, excessivement fort, peut abreuver le moi de reproches qui s’adressent au sujet lui-même mais celui-ci peut aussi les projeter sur les autres.

Il en résulte que les émotions associées à la névrose obsessionnelle sont la plupart du temps négatives, les remords, la colère, l’intranquillité, qui n’aident pas à faciliter les relations.

 

Le caractère indécis de l’obsessionnel peut aussi troubler les relations

Tant et si bien que l’obsessionnel ressent une nécessité de maintenir à distance les relations. Il montre donc une certaine tendance à l’isolement voire une certaine asocialité. L’obsessionnel reste retranché derrière les défenses puissantes, dans un abri de pensée magiques et de gestes conjuratoire.

L’existence permanente d’idées envahissantes et répétitives, de sentiments et de conduites obsessionnels (TOCs) dans la névrose obsessionnelle sont la manifestation d’un conflit intérieur. Ce conflit entre le désir et l’interdit provoque l’angoisse et rend le sujet anxieux.

Pour soulager la tension anxieuse, l’obsessionnel éprouve parfois le besoin de réaliser des gestes répétitifs ou des rituels compulsifs. La réalisation des compulsions offre un soulagement éphémère car l’angoisse réapparaît entraînant le sujet obsessionnel dans un cercle vicieux.

Le trouble obsessionnel apparait fréquemment à l’adolescence et chez les jeunes adultes. Rarement, l’obsession survient au cours de l’enfance ou à l’âge adulte et peut être, dans ces cas, la manifestation d’un processus psychotique.

Symptômes fréquents

Les symptômes principaux sont les obsessions et les compulsions. Les deux dérivent des croyances selon lesquelles le simple fait d’avoir des pensées négatives entraîne de mauvaises conséquences dans la réalité, par exemple penser à un accident de voiture d’un être cher peut provoquer l’accident. Le patient prend alors des mesures pour éviter ou annuler ces penser par les gestes compulsifs. La douleur morale est liée à la croyance selon laquelle la simple pensée à une action considérée comme répréhensible équivaut moralement à l’accomplissement réel de cette action.

Les TOCs sont basés sur les croyances selon lesquelles une personne a le pouvoir de provoquer ou de prévenir des éventements négatifs. Cette pensée magique amène l’obsessionnel à se sentir obligé d’éviter les conséquences redoutées ou de s’assurer constamment qu’aucune action, aucune action inachevée ou un manque d’action de sa part n’aurait pu provoquer un événement négatif. Le patient peut ainsi répéter plusieurs fois un geste ou une action, ce qui dans les cas plus graves est très chronophage et donc très handicapant.

 
Soigner la névrose obsessionnelle avec le psychologue Paris 7

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Le DSM (Manuel Diagnostique et Statistique Des Troubles Mentaux) IV et V ne font plus référence à la névrose obsessionnelle mais isolent une catégorie intitulée « Troubles obsessionnels compulsifs ». La névrose obsessionnelle n’est pas disparue pour autant. Elle a disparu des classifications mais pas de la vraie vie. Elle a subi un glissement conceptuel qui révèle un changement dans la conception de la maladie psychique, un changement lourd en conséquence pour le traitement des patients en psychiatrie.

Les patients souffrant de la névrose obsessionnelle se voit souvent proposer des traitements médicamenteux de type anxiolytique. Ce traitement est purement symptomatique, c’est à dire qu’il atténue l’anxiété temporairement et, de plus, provoque une addiction. Le seul traitement efficace et permettant un changement durable de la névrose obsessionnelle passe par la psychothérapie psychodynamique ou intégrative. Elle associe des techniques cognitivo-comportementales qui visent à atténuer l’angoisse et par là diminuer légèrement les symptômes avec une approche psychodynamique plus profonde cherchant à résoudre les conflits intérieurs.

 
L’actualité de la névrose obsessionnelle

La névrose obsessionnelle ou la folie du doute a été décrite par Sigmund Freud, puis par ses élèves qui ont peaufiné les élaborations théorico-cliniques de Freud. La psychanalyse a décrit le névrosé obsessionnel plutôt en jeune homme, la femme ayant une affinité avec l’hystérie. L’obsessionnel y apparait comme un penseur rempli de doutes et déchiré entre le désir et l’interdit. Il reste donc dans l’hésitation, dans le contrôle et la maîtrise, dans le spéculatif et dans le théorique qui cachent sa culpabilité en lien avec le sexuel.

Reléguée aux oubliettes par la nosographie inspirée des laboratoires pharmaceutiques qui classe les symptômes sans tenir compte de la psychopathologie, la névrose obsessionnelle a pourtant des beaux jours devant elle. A l’époque des pères déconstruits ayant perdu la place du tiers séparateur protégeant l’enfant du danger ou du trop-plein d’excitation, l’enfant grandit avec l’angoisse pulsionnelle due au défaut de contenant. Face à cet affaiblissement de la fonction du père, les mécanismes obsessionnels se développent chez l’enfant pour construire des défenses contre la culpabilité œdipienne.

 

Clinique de l’obsessionnel

À chaque fois qu’il s’apprête à sortir de chez lui, François doit vérifier si le fer à repasser est débranché, mais il doit arrêter aussi tous l’électroménager et même débrancher des lampes. Il va donc de pièce en pièce, en suivant toujours le même ordre et vérifie… une fois, deux, et recommence à nouveau. Une fois qu’il a tout vérifié, il peut enfin sortir. Mais une fois en bas de chez lui, il est saisi d’un doute… Ai-je fermé la porte? Ai-je tout débranché ? Il se sent obligé alors de remonter pour vérifier… Il remonte, revérifie, peut enfin sortir… sans pour autant être sûr que tout est dans  l’ordre. Mais il est déjà beaucoup trop en retard et donc absolument obligé de partir. En effet, François est souvent en retard,  et cela lui a causé des problèmes.

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