Bullshit jobs ou boulots à la con

Le phénomène de bullshit jobs ou boulots à la con a été décrit par l’anthropologue David Graeber. Il correspond au sentiment partagé par certains que leur travail n’a aucun sens ni aucune utilité et qu’il n’apporte aucun bienfait au monde. Ce sentiment d’effectuer un travail inutile et superflu est une source de souffrance. Il amène une forme de dépossession de soi, une aliénation néfaste pour l’équilibre psychique et, en conséquence, l’anxiété, les dépressions et les maladies psychosomatiques. Lorsque ces personnes changent de travail pour un qui fait sens, ces symptômes disparaissent.

broker illustre le bullshit jobs

Ainsi, si le titulaire d’un job à la con ne parvient pas à justifier l’utilité de son travail il se sentira obligé de faire croire aux autres et à soi-même le contraire. En quelque sorte, il fait semblant. Lorsqu’il en prend conscience il peut ressentir une humiliation et un manque de sens. De plus, cette contradiction entre la réalité de son travail et ce qu’il est supposé croire et faire croire constitue une vraie dissonance cognitive.

Du point de vue psychologique la souffrance au travail constitue un élément essentiel de mal-être qui amène à consulter un psychologue. En effet, le travail occupe une grande partie de notre temps. Aussi il est essentiel qu’il fasse sens. La satisfaction qu’il procure contribue à notre bien-être. Alors que la reconnaissance de la hiérarchie, des pairs et de ceux à il sert notre travail nous rassure sur notre valeur. Il est donc crucial de savoir pourquoi on fait ce que l’on fait.

La souffrance psychique liée au bullshit job

Nous avons tous besoin de se sentir utile et de sentir que le travail que nous faisons est important. Nous avons également besoin de sentir que notre travail a du sens. Aussi, faire un travail qui n’a pas de sens suscite l’insatisfaction et provoque le sentiment de l’humiliation. Avec ces sentiments, essayer d’être toujours plus performant tout en restant souriant n’est pas aisée. De plus, lorsque la personne est convaincue d’être inutile, elle craint constamment que les autres s’aperçoivent que son poste est inutile et que l’on le supprime. La personne ressent donc constamment une angoisse diffuse.

Le présentéisme, le phénomène typiquement français qui consiste à rester au travail même s’il n’y a plus de tâches à accomplir contribue à maintenir le malaise.

L’utilisation des améliorations technologiques telles applications ou logiciels qui remplacent le contact humain est également responsable du sentiment de la perte du sens de travail.

Un travail qui n’est pas stimulant conduit à l’abroutissement et à la baisse de motivation.

Mais c’est surtout lorsque le salarié ne voit pas ou ne comprend pas le but de ce qui occupe la très grande partie de ses journées qu’il peut basculer dans la dépression. En effet, le bullshit jobs peuvent rendre malades ceux qui les occupent. Travailler à la chaîne est plus supportable lorsque l’employé a de l’estime pour la finalité de la production industrielle à laquelle il participe.

La valeur perçue d’une tache ou d’un emploi est une question individuelle et nous en avons tous des visions différentes.

L’aliénation consentie dans les bullshit jobs

Mais alors pourquoi ceux qui souffrent dans leur travail n’en changent pas ? Sont-ils responsables d’accepter leur bullshit job, de consentir aux conditions qu’ils perçoivent comme néfastes pour eux ?

Pour certains, pendant un premier temps le manque de sens de leur travail peut être caché par le statut social ou le niveau de rémunération.

Pour d’autres, malgré la souffrance ressentie parfois de manière très intense, le manque de confiance en ses capacités voire le sentiment d’impuissance face au marché du travail constituent une entrave. En conséquence, ils n’osent pas bouger croyant que la détérioration des conditions du travail est inéluctable dans la société d’aujourd’hui. Les personnes anxieuses auront encore plus de mal à entreprendre un changement. Souvent la soumission sera leur stratégie d’adaptation favorite qui leur donne l’illusion de sécurité. Ce sentiment de sécurité n’est parfois qu’une illusion de sécurité, il contribue cependant à maintenir les employés dans un état de servitude volontaire.

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