Aider un proche addict

Il est difficile d’aimer quelqu’un qui souffre d’une dépendance, d’assister à sa perte de contrôle et de constater les dommages que son addiction lui cause. C’est extrêmement douloureux d’être témoin impuissant de la disparition de l’être cher.

Pourtant, il est possible d’aider quelqu’un à sortir du piège de la dépendance, même si cela prend généralement du temps, de nombreux essais et de nombreuses déceptions.

 

Aider un proche addict

Zdzisław Beksiński, AA73

Pour aider un proche addict il faut d’abord comprendre ce qu’est la dépendance, comprendre ses mécanismes, son fonctionnement et ses soubassements psychologiques. Il est impératif de prendre en compte que les troubles psychologiques tels angoisses ou les dépressions sous-tendent la majorité de cas d’addiction. Ce qui implique que la volonté seule ne suffit pas pour arrêter.

 

L’addict ne veut rien changer

L’addict cache sa conduite à son entourage, triche et ment. S’il fait des efforts pour masquer sa conduite, c’est bien qu’il sait, plus ou moins consciemment, que la conduite pose problème. Souvent il a la volonté d’arrêter mais n’y parvient pas et pour sauver son narcissisme, il préfère prétendre qu’il s’en fout.

La volonté de réduire ou cesser la consommation ou la conduite addictive peut laisser place à une demande Pour cela l’addicte doit être accompagnée discrètement mais fermement.

Toutefois, il est difficile pour une personne dépendante de voir au-delà de l’envie momentané et d’envisager de fonctionner sans la drogue. Il peut donc être fermé aux discours et appels de ses proches.

Comment alors aider un proche addict à faire naître en lui ce désir de changement ? Alors que l’addicté ne remet point en question sa dépendance. Il ne la perçoit pas ou il ne croit pas pouvoir cesser.

 

Comment aider un proche addict ?

Parler à votre proche

Parler à votre proche qui a développé une addiction peut être extrêmement efficace et constructif si cela est fait avec tact, respect et compréhension.

Pour lui donner une incitation positive à arrêter, les grands discours et les techniques de confrontation sont particulièrement inefficaces et contreproductifs. De plus, ils deviennent source de conflits et nuisent souvent à la relation qui peut pourtant être un levier de changement. L’être cher est souvent une source de motivation à renoncer à la consommation de drogues. Autant que proche vous connaissez certainement ses valeurs et ses rêves les plus profonds pour lesquels il serait prêt à changer.

Une approche plus compréhensive que conflictuelle offre plus de chance d’atteindre une personne réticente.  Accentuez donc ce que vous ressentez vous-même plutôt que de ce qu’il ou elle fait ou ne fait pas. Si vous exprimez votre préoccupation pour lui, il sera plus disposé à accepter un changement que s’il entendait des reproches. Reconnaître sa souffrance, lui montrer de l’attention et de l’amour réduit sa honte et, en conséquence, son besoin de déni.

Cependant, un addict est extrêmement attaché à ces moments de soulagement et de bien être éphémères. Il n’est donc pas aisé de rivaliser avec ce qu’il prend pour plaisir mais qui, en fait, est une nécessité.

 

Comment amener le sujet ?

Bien sûr, il faut trouver le bon moment pour la conversation, et ce n’est certainement pas lorsque votre proche est défoncé ou a la gueule de bois. Cette conversation n’est pas susceptible de changer les choses, mais cela ne veut pas dire qu’elle n’a pas d’effet. Evitez surtout de le traiter d’alcoolique ou de toxicomane. Ces mots véhiculent l’idée qu’il ne pourra jamais changer et rendent les gens impuissants.

Avant de vous asseoir pour discuter avec lui/elle, commencer par essayer d’apprendre à parler avec calme de vos inquiétudes. Discutez avec vos amis ou un professionnel pour prendre un peu de recul et maitriser vos émotions.

Parler de vos émotions et ce que vous vivez à travers sa consommation. Parlez de l’histoire de vie qui peut expliquer la survenue de l’addiction et déculpabiliser.

Rassemblez des ressources et des documents sur des lieux de soin et des traitements possibles. Il existe de nombreux types de soins dans de nombreuses structures fermées, en ambulatoire ou encore en groupes d’entraide. Une discussion sur les options de rétablissement peut aider votre proche à trouver le chemin qui correspond le mieux à ses besoins et à ses objectifs personnels.

Les défenses

La difficulté que rencontrent les soignants et les proches est une grande sensibilité liée à la fragilité narcissique. Il s’agit donc de trouver les mots qui n’augmentent pas son sentiment de culpabilité et de honte qui le rangent immanquablement quoi qu’il puisse faire croire. L’addict se défend de la prise dure de conscience et utilise de nombreux mécanismes de défense ce qui peut donner l’impression qu’il est indiffèrent.

Fixer vos limites

Avoir une conversation calme et respectueuse sur vos préoccupations tout en fixant des limites concernant la consommation de substances. Cela peut paraitre dur mais l’interdiction d’alcool ou de drogues dans la maison et l’interdiction d’entrer à la maison en état d’ébriété est un acte de bienveillance.

Il ne doit pas  s’agir d’un ultimatum et encore moins de menaces creuses prononcées dans une colère momentanée. une expression de frustration. Les ultimatums ne suffisent pas à une personne d’arrêter de consommer et sont aliénant.

Pourtant, si certaines limites et conditions sont posées et présentées de manière calme, solennelle et respectueuse, elles peuvent stimuler le changement. Et surtout protège la personne qui n’aide pas au delà d’une certaine limite. La condition pour être efficace est d’être conséquent. D’ailleurs, de nombreuses personnes entrant dans des programmes de soins ont été accompagnées fermement et encouragées par leur chefs, leur familles, leur médecin ou encore le juge. Et, dans certains cas, ça réussit.

Mais établir les limites des comportements acceptables et les conséquences des comportements inacceptables au sein de la famille est aussi important pour protéger tous les membres des conséquences d’addiction.

 

Trouvez du soutien pour vous-même

Vous vivez des moments bouleversants qui provoquent des émotions fortes et la plupart du temps négatives. Le climat de tension, les conflits, le découragement, l’épuisement provoque le sentiment d’impuissance. Les répercussions sur votre moral et sur votre santé peuvent être importante. Ne restez donc pas seul. Il existe des ressources pour vous accompagner. Les associations al-anon ont de l’expérience dans le soutien aux familles d’une personne alcoolique.

Faire le point avec un professionnel d’addictologie, un médecin ou un psychologue, peut vous aider à voir plus clair et adapter votre attitude. Vous pouvez être soutenu au long terme dans un suivie de soutien alors qu’une consultation ponctuelle vous permettra d’obtenir des informations et des conseils  sur les démarches possibles et les outils appropriés.

Pour vous aider et afin d’aider votre proche, vous contacter un Centre de Soins, d’Accompagnement et de Prévention en Addictologie (CSAPA) qui propose un soutien gratuit, individuel ou familial. Certains CSAPA proposent des suivies familiaux.

 

Il y a beaucoup d’anxiété et de émotions difficiles à gérer lorsque l’on côtoie une personne addicté. Heureusement, vous n’êtes pas seul(e).

 

 

Call Now Button