Shorts et la cognition

Quel est le lien entre le visionnage de « shorts », ces courtes vidéos en ligne et les fonctions cognitives et le bien-être général ?

De nombreux psychologues remarquent une baisse de capacités de concentration et de mémoire ainsi que l’augmentation de l’anxiété chez des jeunes.

Y a t’il un lien entre ce phénomène et les shorts ? Une étude circulait sur les portails d’actualités il y a quelques semaines sous des titres de type « TikTok provoque la dégénérescence cérébrale ».

Il s’agit d’une méta-analyse très intéressante d’études corrélationnelles qui a mis en évidence des associations systématiques entre le visionnage de vidéos courtes, principalement mesuré à l’aide d’échelles d’auto-évaluation de la dépendance à ces vidéos, et les fonctions cognitives telles que concentration, attention, contrôle inhibiteur, anxiété, stress, dépression, et qualité du sommeil.

Les shorts provoquent la dégénérescence cérébrale

Le mécanisme potentiel de ces relations est expliqué avec élégance par les auteurs eux-mêmes :

« Le visionnage de vidéos courtes et son impact potentiel sur les processus attentionnels peuvent être appréhendés à travers le prisme de la double théorie de l’habituation et de la sensibilisation de Groves et Thompson (1970). Selon ce modèle, l’exposition répétée à un contenu très stimulant et dynamique peut contribuer à l’habituation, rendant les utilisateurs moins sensibles aux tâches cognitives plus lentes et exigeantes, telles que la lecture, la résolution de problèmes ou l’apprentissage en profondeur. Ce processus peut progressivement réduire l’endurance cognitive et affaiblir la capacité du cerveau à maintenir son attention sur une seule tâche. Parallèlement, les plateformes de vidéos courtes peuvent favoriser la sensibilisation en offrant des récompenses immédiates, sélectionnées par un algorithme, renforçant potentiellement les comportements impulsifs et encourageant la recherche habituelle de la gratification immédiate. »

Dépression et vidéos courtes, cercle vicieux ?

Cependant, les auteurs soulignent également que les données analysées sont corrélationnelles et ne permettent pas de tirer des conclusions causales plus définitives : « Bien que certaines études longitudinales aient fourni des informations sur la relation entre l’utilisation des médias sociaux et les fonctions cognitives (par exemple, Sharifian et Zahodne, 2020), il est possible que des différences cognitives sous-jacentes influencent la manière dont les individus interagissent avec les vidéos courtes. Les personnes ayant des fonctions cognitives plus faibles peuvent être attirées par des contenus très stimulants et peu exigeants, ou avoir plus de difficulté à se détacher d’un flux constant de vidéos courtes (par exemple, Ioannidis et al., 2019). De plus, des facteurs sous-jacents tels que l’anxiété, la dépression ou le trouble déficitaire de l’attention peuvent influencer à la fois l’utilisation des vidéos courtes et les performances cognitives, contribuant ainsi aux associations observées dans la présente étude . »

cognition et shorts

 

L’épidémie de troubles psychiques programmée 
On pourrait s’étonner du peu de données expérimentales et longitudinales dont nous disposons sur un phénomène aussi omniprésent que les shorts sur Internet. TikTok a atteint 500 millions d’utilisateurs vers 2018, et on estime actuellement qu’environ 1,8 milliard de personnes utilisent l’application. D’autres plateformes de médias sociaux, comme Instagram, Facebook et YouTube, ont également lancé leurs propres versions de vidéos courtes.
Cet ouvrage est très précieux car il met en lumière les effets négatifs très probables du mode de consommation médiatique auquel nous sommes constamment exposés. Par ailleurs, il constituera un excellent point de départ pour des recherches ultérieures.

Psychologue Paris

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