Psychose collective

La psychose collective ou la psychose de masse est un phénomène observé au cours de l’histoire et décrit par la psychologie. Il s’agit d’une sorte d’épidémie psychique lors de laquelle un groupe ou une partie de la population perd le contact avec la réalité.

La chasse aux sorcières depuis le Moyen Âge jusqu’au procès des sorcières de Salem aux États Unis du XVIIè siècles en est l’exemple. Il s’agissait en fait de la traque massive des femmes hystériques qui considérées comme des sorcières furent envoyées aux bucher.

Psychose collective-psychose des massespsychose collective sorcières

Et de nos jours

D’une part, la psychologie a contribué au développement de l’ingénierie sociale et a permis le spectaculaire progrès de nouvelles méthodes de réajustement des masses. D’autre part l’accès quasi illimité voir envahissant aux médias donnent à ceux derniers une grande influence sur l’esprit de l’individu. Aussi une médiatisation intense d’un phénomène peut servir à l’exploitation des émotions de groupe. Le discours de peur véhiculé par les médias peut amener les masses à devenir la proie de l’idéologie.

L’expression « psychose collective » correspond en effet à la panique qui peut s’emparer brutalement des individus suite à la médiatisation d’informations angoissantes.

 

La crise dite de la vache folle

Déjà, la crise dite de la vache folle dans les années 90 a pu servir du paradigme des interactions de groupe menant au développement de la psychose collective. A l’époque, les médias par les informations excessives et les images frappantes ont provoqué une peur irrationnelle. Cette dernière s’est manifestée alors par une chute brutale et objectivement injustifiée de la consommation de viande.

En effet, les média participent à la création du mouvement de panique. Ce mouvement de panique peut être apparenté à l’irrationalisme de masse décrit au tournant du XIXè siècle par Gustave Le Bon, l‘auteur de la Psychologie des foules. Selon Le Bon les individus qui forment une foule psychologique partagent le même inconscient collectif.

L’hypnose de masse et psychose collective

psychose collectiveLa psychologie décrit comment dans ce phénomène de psychose collective les masses peuvent être induites dans un réel état d’hypnose de masse. Lorsque les populations subissent une intoxication par des informations angoissantes, en conséquence, elle développent une croyance délirante, n’ayant pas de rapport avec la réalité.  L’anxiété que provoque ces informations angoissantes possède une capacité de contagion. Les masses expriment alors un délire paranoïaque de persécution de même contenu, par exemple, menace par un virus.

Il s’agit d’une contagion émotionnelle provoquée et dirigée, par exemple par les médias. Cette folie à plusieurs est légitimée par les autorités, par les média mais aussi par le fait qu’un grand nombre de personnes la partage. En effet, le délire paranoïaque a  la particularité d’être contagieux et peut  finir par devenir un discours qui domine une société.  Il s’agit en fait d’une folie imposée où un groupe dominant impose une idée délirante sur un autre groupe, en communiquant les idées n’ayant pas de rapport avec la réalité.

En l’occurrence, certaines conditions préexistantes permettent de susciter cet état de psychose collective :

– Un grand nombre de personnes qui souffrent d’un manque de lien social.

– De personnes qui souffrent d’un manque de sens de vie, insatisfaites de leur travail (bullshit jobs) ainsi que de leurs relations.

– Une importante anxiété flottante chez un grand nombre de gens qui sont incapables d’identifier la cause de leur anxiété.

L’anxiété flottante

L’anxiété flottante est le phénomène psychologique douloureux qui se manifeste par des accès d’angoisse pouvant aller jusqu’aux attaques de panique.

Dans cet état d’anxiété flottante, non focalisée, l’esprit essaie de trouver un objet à son anxiété. Il peut alors se fixer sur un objet extérieur qui deviendra l’objet angoissant, comme c’est le cas dans les phobies, où l’anxiété se fixe, par exemple,  sur un animal ou sur un ascenseur.

Ainsi, lorsque ces conditions préalables sont présentes au sein d’une population, si les médias fournissent un récit qui indique un objet dangereux qui permet à l’anxiété de se focaliser, alors toute anxiété des masses va s’y accrocher. Si de plus on propose, en même temps, une stratégie pour lutter contre cet objet désigné dangereux, la foule suivra la stratégie pour combattre cet objet d’anxiété.

Illusion de guérison

Cette bataille collective et héroïque contre l’objet désigné dangereux offre aux individus un nouveau type de lien. Elle offre également un nouveau but et donc une possibilité de création de sens. Le nouveau sentiment de connexion dans la solidarité avec les autres mène à la formation de masse.

Ces processus conduisent à un état hypnotique dans lequel l’attention des individus est focalisée de manière très étroite.

Lorsque les gens expérimentent cette forme d’intoxication mentale, peu importe que le récit proposé soit manifestement faux. On observe même une résistance à comprendre que le récit est faux. Le déni de la réalité manifeste empêche de revenir à l’état antérieur d’anxiété flottante si douloureuse. Les faits ne comptent plus pour les personnes en état d’hypnose. Elles sont incapables de tirer des conclusions raisonnables, même dans leur propre intérêt.

Les caractéristiques de la psychose collective

L’hypnose de masse se caractérise aussi par une acceptation des gens de supporter des choses normalement intolérables. Inversement, dans cet état, les gens deviennent radicalement intolérants à l’égard des voix dissidentes qui menacent de susciter l’angoisse. Ils éprouvent de l’anxiété face aux contestations de la doctrine officielle. Et en même temps, ils sont extrêmement tolérants au discours dominant et cela malgré les incohérences voire les erreurs de ce discours.

Combien même des attitudes et représentations liées à l’objet prétendument dangereux semblent avoir été construites de manière consciente et basées sur les données scientifiques, le phénomène de « psychose collective » inclue les éléments totalement ou partiellement inconscients.

C’est en effet les mécanismes de défense de déni et de clivage qui permettent de tenir isolées les représentations trop angoissantes.

Notre préoccupation pour la santé fait que le délire collectif peut se développer autour de questions qui touchent à la santé et à la maladie. L’hypocondrie, le délire dermatozoïque, et bien d’autres affections psychiques en lien avec la crainte pour la santé existent depuis toujours. Le Malade imaginaire de Molière qui date de 1673, montre bien que les mécanismes de ces troubles hypocondriaques sont bien connus. Ils peuvent donc servir pour fabriquer un phénomène d’hypocondrie artificielle, une véritable psychose collective.

 

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