Personnalités difficiles ou troubles de la personnalité
Comment expliquer que certains ont des personnalités difficiles ? Qu’est-ce que c’est une personnalité ?

Yamamura Koka, Morita Kanya
Notre personnalité c’est la façon particulière dont nous agissons, pensons et sentons et qui fait que nous sommes uniques.
C’est aussi notre manière de voir le monde, notre façon d’être en relation, de réagir aux conflits ou à l’imprévu.
Lorsque être pessimiste, sociable, méfiant ou solitaires est une caractéristique constante, nous parlons de traits de personnalité. Chacun a sa propre personnalité et chaque personnalité est unique. Elle se forme au cours de notre vie et se modifie peu à l’âge adulte. Dans différentes situations et à différentes époques de notre vie nous fonctionnons selon les mêmes schémas et nous gardons les mêmes traits.
Cependant, nous pouvons nous éloigner de cette personnalité de base lors d’expériences difficiles ou traumatisantes. Une personne plutôt gaie et sociable peut devenir triste et avoir une tendance à s’isoler après un deuil, par exemple. Nous pouvons aussi modifier certains traits de notre personnalité lorsque nous le souhaitons. Le travail psychothérapeutique peut aider à changer ce fonctionnement psychique caractéristique de chacun.
Troubles de la personnalité – qu’est-ce c’est ?
Troubles de la personnalité
Certaines personnes rencontrent plus de difficultés à ressentir, à penser et à se comporter de manière adaptée et harmonieuse. De plus, leurs façons de penser, de sentir et de se comporter, enracinées profondément et rigides que nous appelons la personnalité, entraînent une altération des relations avec les autres et provoquent souvent un état de détresse. Leur personnalité rend leur vie et la vie de ceux qui les entourent difficile. Et malgré les efforts pour changer, elles n’y parviennent pas et tout le monde souffre.
La psychiatrie parle alors de troubles de la personnalité.
Les «troubles» de la personnalité sont des schémas de comportement profondément enracinés et durables qui se manifestent par des réponses schématiques à une grande variété de situations. C’est en effet une question de rigidité du fonctionnement psychique. Le terme «trouble de la personnalité» se réfère donc à une perturbation de la capacité d’une personne à moduler ses émotions. Ce qui permet de maintenir un sentiment de soi et d’identité stables, et à entretenir des relations équilibrées au travail, dans l’amitié et dans l’amour.
Les troubles de la personnalité ne sont pas des maladies.
Dans les maladies psychiques des troubles de l’affectivité et de la cognition sont plus sévères que celles de troubles de la personnalité. Les termes « Trouble de la personnalité schizoïde », « Trouble de la personnalité paranoïaque », « Trouble de la personnalité limite » ou encore trouble anxieux ont été créés par des professionnels de la santé mentale pour décrire des groupes de personnes ayant des schémas de fonctionnement psychique similaires. Ces traits communs n’excluent pas les variations des expériences individuelles.
Il existe différents types de troubles de la personnalité
Tous les troubles de la personnalité partagent la principale manifestation d’une manière marquée :
se comporter ou penser systématiquement et prolongée de manière différente des autres. Ces différences peuvent causer des difficultés constantes chez les individus lorsqu’ils tentent de se lier aux autres et de s’intégrer à la société car ils dérangent autres malgré eux.
Ces schémas difficiles à modifier, sont tellement ancrés que l’individu a du mal à comprendre pourquoi les autres ont un problème avec son comportement.
Pouvons-nous changer une personnalité difficile ?
Les troubles de la personnalité présentent des véritables défis de traitements psychothérapeutiques.
Quoi qu’inadaptés, ces modes de pensée et de comportement sont ego-syntones, c’est-à-dire qu’ils paraissent fondamentaux à la personne qui les présente et qui n’a pas forcement conscience du caractère dysfonctionnel de cette façon d’exister. De ce fait les personnes présentant les troubles de la personnalité ne ressentent pas de motivation à changer. Ainsi des psychopathes par exemple, ne pourront être sensibles au changement.
Pourtant les personnes présentant les personnalités difficiles motivées à changer peuvent bénéficier d’interventions thérapeutiques efficaces. Lorsqu’une personne est motivée à changer, différentes interventions psychothérapeutiques peuvent être très utiles.
Lors de la psychothérapie, la personne est soutenue avec empathie à élargir la connaissance de soi-même et encouragée à accepter le changement, jamais facile.
Les causes du trouble de la personnalité
Ces modes de fonctionnement psychiques s’enracinent dans l’enfance et éclatent souvent lors de la puberté et pendant l’adolescence. Ils s’inscrivent dans les difficultés développementales et causent une détresse importante surtout chez les jeunes adultes.
Les causes des troubles de la personnalité résident dans une combinaison de configurations génétiques, d’expériences infantiles, d’expériences relationnelles, et de conditions sociales qui ont affecté le développement. Tous ces facteurs contribuent au développement la personnalité et peuvent provoquer des achoppements et la constitution des troubles.
Tous ces types des personnalités se rencontrent dans la réalité avec des variations et des complexités individuelles.
Nous pouvons tous éprouver de la mauvaise humeur à l’occasion et cela ne signifie pas que nous avons un trouble de la personnalité.
Il existe plusieurs classifications des personnalités difficiles. De plus ces classifications évoluent constamment. Nous vous proposons ici la description de quelques exemples de troubles de personnalité.
Personnalité borderline ou limite
Elle se caractérise par une instabilité émotionnelle, une tendance à agir impulsivement, des explosions de colère, une grande fluctuation de l’image de soi, une diminution de la capacité de planifier, des conflits dans les relations interpersonnelles. D’une part des brusques changements émotionnels passant de l’euphorie au désespoir peuvent se succéder. D’autre part, les pensées alternent entre l’illusion et la désillusion, entre l’idéalisation et la dévalorisation.
Mais ce qui prédomine chez les personnes borderline ce sont le sentiment du vide et d’ennui, l’irritation, l’anxiété, et les colères parfois violentes. Les angoisses dominantes chez les personnalités limites sont les angoisses d’abandon et d’intrusion qui rendent les relations intimes particulièrement difficiles. Les personnes borderlines luttent contre ces angoisses par les comportements impulsifs tels achats compulsifs, sexualité à risque et autres conduites dangereuses. Ces comportemants, ainsi que des troubles alimentaires, actes auto-agressifs, tentatives de suicide à répétition, addictions divers apportent l’illusion d’un soulagement émotionnel. En vue de toutes ces caractéristiques, leur vie affective, sociale et professionnelle peut devenir particulièrement instable (zapping relationnel).
Parmi différentes figures des états limites se trouvent les personnalités narcissiques.
Personnalité narcissique
Le terme narcissisme désigne l’amour de soi en référence au personnage de la mythologie grec Narcisse qui est tombé amoureux de sa propre image. Freud a d’abord utilisé ce terme pour nommer le stade du développement psychosexuel. Par la suite le terme narcissisme a eu de nombreuses autres acceptions ce qui contribue d’ailleurs à provoquer une confusion autour de sa compréhension.
Le terme « narcissique » se réfère aux personnes dont les personnalités sont organisées autour du maintien de leur estime de soi à travers les affirmations de leur valeur de l’extérieur d’eux-mêmes. Nous avons tous quelques vulnérabilités dans notre sentiment d’identité, de qui nous sommes, quelle est notre valeur, et nous essayons de mener nos vies de la manière qui nous permet de nous sentir valable. Notre fierté est renforcée par l’approbation et blessée par la désapprobation de personnes importantes pour nous et nous sommes raisonnablement sensibles à la critique. Chez les personnalités narcissiques ce besoin inassouvi d’alimenter constamment leur estime de soi, éclipse les autres aspects de leur fonctionnement. Ces personnes semblent être excessivement préoccupés par soi-mêmes et préoccupés par la façon dont ils apparaissent aux autres car suite au manque inapaisé d’affection, quelque chose manque à leur vie intérieure et elle se sentent privées d’amour.
Depuis le DSM-3 publié en 1980 (Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux) la personnalité narcissique est apparue parmi les troubles de la personnalité. Ce trouble est décrit surtout par le sentiment de supériorité, l’arrogance, l’égoïsme et le manque d’empathie. Ces personnes narcissiques qui ont continuellement l’air d’être en représentation, ont pourtant besoin d’admiration et d’une attention constante sans lesquelles elles peuvent ressentir une rage incontrôlable. Leur assurance, leur agitation, et leur air de parade dissimulent mal leur manque d’assurance.
Le manque d’amour provoque le trouble narcissique
Une personne au narcissisme troublé expérimente des atteintes de l’amour propre qui se manifestent tantôt par un manque cruel de l’estime de soi, tantôt par l’estime de soi paraissant excessive. Il existe chez les narcissiques un antagonisme caractéristique entre le sentiment de grandiosité et la recherche d’attention.
En effet un moi vulnérable est à l’origine des traits narcissiques. En fait, le narcissique fantasme à propos de sa propre renommée, de son intelligence, de ses compétences, de son succès ou encore de sa beauté pour compenser le doute fondamental sur leur propre valeur. Il peut croire qu’il est vraiment exceptionnel et qu’il ne devrait s’entourer que d’autres individus exceptionnels.
Ce sentiment de supériorité et de toute puissance compense la faille narcissique tellement insupportable qu’elle a était rendue inconsciente. En conséquence, le narcissique parait invulnérable mais il est extrêmement facile de le blesser.
Du fait de son égocentrisme démesuré, de son attitude hautaine voire méprisante envers les autres, et de son manque de respect et d’empathie pour autrui, ses relations sont perturbées. Paradoxalement malgré un sentiment affiché de sa propre valeur, une personne narcissique est facilement déstabilisée par la critique. Elle peut se montrer critique envers les autres dans le but de renforcer sa propre estime de soi. Pour la même raison, il cherche à se mettre en avant et d’avoir des droits supérieurs à ceux des autres.
Personnalité paranoïaque
Les troubles de la personnalité paranoïaque se caractérisent par une tendance à la méfiance excessive sans fondement envers les autres, y compris même envers ses amis, sa famille et ses partenaires. Les personnes paranoïaques suspectent la malveillance chez l’autrui et interpréter les faits dans le sens de leurs croyances injustifiées. En conséquence, elles sont constamment à la recherche d’indices pour valider ses craintes.
Elles ont aussi un sens aigu des droits personnels, ressent facilement la honte et l’humiliation, elles sont procédurières et rancunières. Sans surprise, elles auront du mal à pardonner ce qui les amène à la rupture successive des liens relationnels et à l’isolement.
Le principal mécanisme de défense chez ce type de personnalités est la projection. Elle consiste à attribuer aux autres ses propres pensées et sentiments qui sont difficiles à accepter chez soi. Par exemple, elles peuvent suspecter systématiquement et sans fondement leur partenaire d’infidélité, de mensonge. Elles ont une difficulté à se confier de peur d’humiliation ou que l’information soit utilisée contre elle.
Personnalité schizotypique
La personnalité schizotypique se caractérise par une désorganisation de la pensée et de la parole. Elle se manifeste par des bizarreries d’apparence (look excentrique ou négligée), de pensées, de comportement et de langage. Ces personnes ont des expériences perceptuelles inhabituelles similaires à celles observées dans la schizophrénie, mais à un moindre degré.
Les anomalies de pensée incluent des croyances étranges ainsi que des ruminations déconnectées de la réalité. Une pensée magique qui consiste à croire en la possibilité de provoquer les événements par la seule pensée caractérise leur fonctionnement cognitif. Les personnes schizotypiques peuvent penser par exemple, qu’évoquer le diable peut le faire apparaître. Elles ont tendance à craindre les interactions sociales et se méfient des autres. Cela peut les amener à l’isolement caractérisé par l’absence d’amis proches.
Leur vécu affectif se caractérise par une certaine froideur émotionnelle, avec les émotions inadaptées à la situation, la méfiance et l’anxiété excessive et le malaise dans des situations sociales.
Certains développent des idées de référence, c’est-à-dire des croyances ou des intuitions selon lesquelles les événements ont une signification cachée ou adviennent pour lui ou en lien avec lui. Ils interprètent alors incorrectement les situations ordinaires et les signaux sociaux habituels.
Les personnalités schizotypiques ont une probabilité supérieure à la moyenne de développer une schizophrénie. Leur condition était appelée «schizophrénie latente».
Mise à jour le 24 octobre 2021