La mise en maux remplace la mise en mots
Le petit infant n’a pas encore à sa disposition de mots pour exprimer ce qu’il ressent. Il utilise donc, tout naturellement, la somatisation pour exprimer ses douleurs psychiques car il n’a pas de mots pour le dire. Toute surcharge d’excitations peut facilement déborder ses capacités d’élaboration psychique et en conséquence déclencher le mécanisme de somatisation. La douleur psychique devient alors douleur physique.
Lorsque les jeunes enfants sont aidés par leur entourage, surtout par la mère à absorber, mentaliser et exprimer leurs émotions, ils n’ont pas de décharges dans le corps. Plus la mère, par des procédés calmants et des mots apaisants, soutient la fonction de mentalisation et l’élaboration de l’émotion et moins il exprime par le corps. Plus les enfants disposent de parole et l’utilisent et moins ils présentent de somatisations.
Mais si l’entourage ne les encourage pas à exprimer les émotions et les sentiments, les enfants garderont cette tendance à les exprimer à travers le corps. Ils le font alors soit par les maladies soit à travers les comportements.
Tout est dans ta tête ?
La somatisation n’est nullement la simulation, c’est une manière inverbale d’exprimer la souffrance émotionnelle. L’enfant ne fait pas semblant d’être malade afin d’éviter une responsabilité ou d’obtenir de la sympathie.
Cela ne signifie pas non plus que le problème se trouve « dans votre tête ». En effet, lors d’un événement stressant ou traumatique, le cerveau est inondé de glucocorticoïdes. Ceci a de multiples conséquences sur différents systèmes, par exemple, le système gastro-intestinal, le système circulatoire, le système immunitaire, le système endocrinien. La peau, la respiration, le cœur sont également activés de différentes manières sous des pressions émotionnelles. C’est pourquoi le fait de rougir par exemple, est tout simplement une réponse automatique au sentiment de honte qui provoque une excitation corporelle.
La somatisation conduit à l’expression atypique ou masquée de la souffrance morale, de la dépression, de stress post-traumatique ou encore de l’anxiété. En effet, beaucoup de symptômes de la dépression sont somatiques : la migraine, l’insomnie, la fatigue, des douleurs ou des troubles gastro-intestinaux.
Dans certaines affections cardiaques, appelées aussi « névroses cardiaques », le rythme cardiaque est perturbé sans qu’il y ait une cause organique. Le patient croit avoir à une maladie de cœur, tellement les sensations sont fortes et désagréables.