Le déni

 

Le déni désigne un refus de reconnaître la réalité d’une perception traumatisante. Il s’agit d’un mécanisme de défense inconscient qui constitue une protection nécessaire devant la réalité si angoissante qu’elle peut provoquer un effondrement psychique. Il permet de préserver le sentiment de sécurité et protège de l’angoisse.

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La définition du déni : le processus inconscient de refuser la réalité d’une perception vécue comme dangereuse ou douloureuse pour le Moi

Déni : c’est quoi, comment ça marche ?

C’est une stratégie inconsciente de gestion de l’anxiété, une mesure de protection face au choc émotionnel, par exemple face à l’annonce de maladie grave ou face au deuil. Tel un mur invisible construit afin de se protéger du danger, le déni permet alors d’amortir le choc. Dans ces cas, l’incapacité à se représenter une réalité insupportable est temporaire et représente une étape nécessaire permettant de supporter plus tard la douleur psychique, un temps nécessaire pour se préparer à y faire face.

Le déni est un mécanisme précoce. Les nourrissons peuvent gérer les expériences désagréables en refusant d’accepter qu’elles se produisent. C’est un processus archaïque enraciné dans l’égocentrisme primaire de l’enfant, dans lequel une conviction fausse que « si je ne le reconnais pas, cela ne se produit pas » gouverne l’expérience.

Le déni s’active automatiquement en chacun de nous comme notre première réaction à toute catastrophe.

Freud a décrit ce mécanisme de défense sous le nom de Verleugnung en soulignant sa différence avec le refoulement, même si les deux sont parfois difficiles à distinguer. Il a proposé comme prototype du déni de réalité le refus, par le petit garçon, de prendre en compte sa perception de l’absence de pénis chez la fille. Le déni porte ici sur un fragment de réalité psychique : la différence des sexes et la castration qui est source d’une forte angoisse.

Initialement, Freud a conceptualisé ce mécanisme de défense comme le refus de reconnaître les aspects intolérables de la réalité externe.  Le concept s’élargit ensuite pour englober les événements psychiques internes inacceptables, tels que des pensées, des souvenirs, des sentiments.

Le déni expliqué par le psychologue paris

Le déni est une stratégie défensive pour se protéger de la douleur

Toutes les défenses du Moi que nous développons et utilisons peuvent être adaptatives dans un contexte particulier, par exemple dans l’enfance, mais peuvent s’avérer inadapté plus tard. Le Moi utilise toute une gamme d’opérations défensives allant de profondément inconscientes à pleinement conscientes. Le déni est une puissante réaction de défense face aux événements traumatiques.

 

Mécanismes de défense et simulacre existentiel

Nous utilisons tous de ce mécanisme. Présent ponctuellement et en petites quantités ce désaveu de la réalité participe à une stratégie inconsciente de gestion émotionnelle. Chacun de nous peut l’utiliser comme la première réaction à toute catastrophe. Par exemple, informés du décès d’un être cher, notre la première réponse est généralement « Oh, non ! » Cette réaction est l’ombre d’un processus archaïque enraciné dans la phase prélogique que traverse tout enfant. La conviction que « si je ne le reconnais pas, cela ne se produit pas » peut perdurer chez l’adulte.

En conséquence, la plupart d’entre nous utilisent occasionnellement le déni, afin de rendre la vie moins désagréable ou pour protéger son narcissisme. Une personne dont les sentiments sont blessés dans des situations où il est inapproprié de pleurer est plus susceptible de nier inconsciemment les sentiments douloureux que de les reconnaître pleinement.

Le déni est une omission inconsciente d’une perception, d’une information menaçante qui excèdent les ressources de l’individu. Il peut durer le temps nécessaire pour que la personne arrive à faire face à la réalité. Ainsi, un patient au moment de l’annonce du diagnostic de maladie grave ne pourra l’entendre, tant la menace est choquante. Mais après un temps, petit à petit, le déni s’assouplira ou lâchera partiellement, laissera place à la dénégation, puis le patient finira d’intégrer plus lucidement l’information. Ce déni temporaire de la maladie incurable et donc de la mort, est une défense nécessaire pour éviter l’effondrement psychique et le débordement de la souffrance.

 

Le déni massif

Mais lorsqu’il est massif, le déni sous-tend différents symptômes psychiques tel le délire ou le fétichisme. Ce mécanisme se retrouve aussi dans les perversions, où il soutient la falsification de la réalité, ou encore dans l’alcoolisme. Se protéger de la perception de la réalité permet ainsi à l’alcoolique de conserver une bonne image de soi. En même temps il l’empêche de prendre conscience de son trouble et en conséquence de se soigner.

Nous pouvons dénier une part pulsionnelle de notre propre fonctionnement (déni du désir ou de la dépression) ou rejeter la réalité ou la qualité, souvent la différence, de l’autre. La représentation déniée est alors remplacée par une autre représentation, ne tenant pas compte de la réalité. Par exemple, les adultes qui ont manqué d’amour et de soins dans leur enfance ou qui étaient molestés, s’imaginent malgré tout avoir eu une bonne famille. Le déni leur permet de se défendre contre la perte d’images de bons parents. Ainsi ils peuvent continuer à croire qu’ils ont eu une famille bienveillante et qu’ils ont étés entourées d’amour.

Dans la perversion le déni est un mécanisme fondamental de la relation du pervers avec le monde et avec l’autre. Le sentiment de la toute-puissance du pervers s’appuie sur son déni de la castration.

 

Le fonctionnement basé sur le déni est souvent l’héritage familial et se communique dès les premières relations avec les parents.  Ainsi, dans les familles touchées par la maladie alcoolique ou par la violence, tous les membres fonctionnent dans une forme de communauté de déni. Ça se passe comme si la famille imposait une préfiguration (grille de lecture) de la réalité qui ferme, par une injonction plus ou moins tacite, l’accession à des nouvelles perceptions. Tous partagent une cécité complaisante.

 

Le déni et les fuites en avant

L’opération du déni peut conduire à nier nos limitations physiques, comme le besoin de sommeil par exemple voire la finitude. La manie rend les limitations insignifiantes, menant le sujet dans l’hyperactivité ou dans les addictions aux sports ou encore dans la défonce professionnelle. Cela se produit dans les états d’hypomanie qui utilisent le déni comme principal moyen de défense. Mais cette utilisation forcenée du déni a ses limites et la phase maniaque est immanquablement suivie de son effondrement à mesure que la personne s’épuise.  Nous parlons alors de « cyclothymie » en raison de l’oscillation entre les humeurs maniaques et dépressives.

Les personnes légèrement hypomaniaques peuvent être très agréables à vivre et très appréciées. Leur charme, leur esprit vif, leur énergie inépuisable, leur espièglerie peuvent nous attirer. D’aucuns admirent leur bonne humeur contagieuse qui caractérisent ceux qui réussissent à filtrer et à dissimuler les affects douloureux pendant de longues périodes. Pourtant, les dessous dépressifs de ces personnes est palpable, souvent visible pour leurs amis les plus proches, et le coût psychique exigé est élevé.

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Le déni sert à occulter ce qui nous est inacceptable, par exemple un conflit intérieur ou sa propre dépression mais aussi la maladie grave ou un danger. De ce fait, le déni peut contribuer aux résultats désastreux. Ignorer la possibilité d’un cancer en refusant les examens, ne pas voir sa grossesse se développer, croire que le mari violent changera comme par magie ou que les autorités maltraitantes veuillent notre bien – tous ces exemples de déni nous exposent aux risques potentiellement graves.

Une personne dans le déni

Il est parfois difficile de rester en lien avec une personne dans le déni car elle est sur la défensive au point de se braquer lorsqu’on qu’on évoque la situation qui la dérange. Elle nie la réalité, elle peut même nous accuser nous d’être dans le déni. Un alcoolique, par exemple va nier l’existence du problème. Il est en difficulté de reconnaitre la réalité de son problème avec l’alcool, il affiche de la  résistance à accepter les conséquences de sa dépendance, malgré leur évidence.

En déniant la réalité, elle se protège de l’angoisse que suscite la partie de la réalité qui a donc besoin d’être déniée.

Comment sortir du déni ?

Il est impossible de briser le déni. C’est une défense très forte avec l’impossibilité de se représenter la réalité par trop violente. Essayer de faire prendre conscience du problème en confrontant la personne à la réalité ne peut que l’angoisser et en conséquence renforcer le déni. Il n’existe pas de clé pour en sortir, cependant, interroger la réalité dans laquelle se croit la personne dans le déni, fournir les informations sur la réalité que la personne ne peut voir, préparent le terrain pour sortir de la condition du déni.

Sortir du déni suppose une capacité de se remettre en question. Or, lorsqu’une personne utilise du déni c’est qu’elle se sent incapable, faible et vulnérable. Et c’est justement les personnes fragiles avec un sentiment d’impuissance qui se réfugient dans le déni.

Renforcer le Moi, renforcer le bon narcissisme de la personne peut la rendre plus stable et capable d’une ouverture. Une psychothérapie peut y contribuer, à condition de se concentrer sur le développement du sentiment de la sécurité intérieure grâce auquel la personne pourra se dégager progressivement de ce mécanisme d’autoprotection.

 

Les mécanismes de défense

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