Maladies psychosomatiques – les relations entre le corps et l’esprit
La maladie somatique (du grec ancien sômatikós = corporel) peut-elle résulter d’un état d’angoisse ou de la dépression? Un choc psychologique peut-il effondrer nos défenses naturelles et déclencher une affection organique ? Comment l’activité psychique est-elle liée à l’activité somatique ? Quel est le support de médiation entre le somatique et le psychique ?
Comprendre les symptômes psychosomatiques
Les somatisations se produisent selon différentes modalités. Mais qu’est-ce qu’une somatisation ? C’est un processus de transformation de difficultés psychiques ou affectives en troubles corporels. Nous avons tous connu des états de somatisations éventuellement banales et transitoires à l’occasion d’un surmenage, d’un trop plein ou d’une réaction dépressive à un deuil ou une perte d’objet d’amour. Ces réactions au stress ou à la perte affectent notre psychisme. Nous ressentons alors la tristesse, la nostalgie, la déception ou encore la colère. Mais il arrive qu’elles engagent également le corps. Les troubles du sommeil ou de l’alimentation, les malaises, les douleurs se manifestent parallèlement aux sentiment voire séparément. Ces manifestations corporelles apparaissent avant qu’un travail d’élaboration psychique puisse être accompli. Si ce travail psychique n’a pas lieu, les troubles somatiques persistent. Ils sont alors équivalent à une dépression masquée. Une dépression qui ne peut se dire.
Certaines somatisations peuvent être comprises comme l’expression d’une émotion interdite. Très souvent, les sentiments et les émotions réprimés viennent s’exprimer par des décharges «directes» dans le corps provoquant des symptômes physiques. Les enfants chez qui les sentiments sont inhibés, peuvent apprendre à les dissimuler. Ce fonctionnement continue dans la vie adulte. Dans les situations de difficultés personnelles ou professionnelles, divorce, déménagement, deuil, il peut conduire à des malaises physiques ou aggraver une maladie déjà existante.
L’homme est un être psychosomatique
Tout au long de sa vie, son corps n’existe pas sans psyché et la psyché n’existe pas sans corps. Ils sont intimement liés et chacun affecte l’autre. Le développement de la médecine, notamment dans le champ de la psycho-neuro-immunologie, confirme et décrit les interactions et les influences réciproques. Les résultats de la recherche montrent l’impacte de situations émotionnellement chargées sur la baisse des défenses immunitaires de l’homme. Ces recherches permettent aujourd’hui de mieux expliquer les liens entre le fonctionnement psychique et le fonctionnement du corps. On connait les interactions qui existent entre le système nerveux et le système immunitaire.
Sous l’effet d’angoisse interne ou de tensions extérieures (stress), l’organisme produit des hormones corticoïdes qui abaissent les défenses immunitaires. Lorsque l’angoisse ou le stress apparaissent ponctuellement, nous arrivons à gérer la situation et nous gardons ou rétablissons rapidement l’équilibre. Nous connaissons tous les réactions physiologiques passagères liées à des émotions fortes : le cœur qui bat plus fort ou les mains moites dans une situation qui nous touche émotionnellement. L’expression corporelle assure alors une décharge des excitations en excès sans causer de dérèglement.
Somatisation – Souffrances imaginaires ou vraies maladies ?
Lorsque les tensions extérieures ou l’angoisse durent longtemps ou sont très violentes ou très envahissantes, l’appareil psychique n’est plus en mesure de rétablir l’équilibre. Il arrive que les ressources internes pour effectuer le travail de deuil nécessaire ne sont pas suffisantes. On arrive alors à la désorganisation profonde et parfois durable qui peut s’exprimer sur le mode psychique (épisode dépressif, apparition des phobies, crise de panique, épisode délirant, décompensation psychotique…) ou sur le mode somatique (troubles fonctionnels ou maladies organiques). Dans les situations de stress ou de détresse on observe l’aggravation de la maladie, par exemple, une crise d’asthme ou une poussée du psoriasis. Mais ces maladies psychosomatiques parmi les plus fréquentes ont des causes multiples et le traitement nécessite une fine connaissance de ces processus complexes.