Femmes et alcool

L’addiction s’inscrit toujours dans l’histoire de vie psycho-affective. Elle commence souvent suite à un traumatisme qui vient menacer l’équilibre psychique du sujet mettant en péril ses mécanismes de défense.

Ces femmes qui boivent trop

Elle se sentait coupable du suicide du frère : « je n’ai pas été là ». Elle ne pouvait pas le dire, mais nous avons appris par les comptes rendus médicaux que c’était à ce moment-là qu’elle a commencé à boire. Puis elle a perdu son travail, a quitté son compagnon et s’est vue obligée de retourner vivre avec ses parents, où vivaient déjà deux autres de ses frères, qui étaient eux aussi sans emploi et alcooliques. Est alors intervenu le décès du père, décès qu’elle n’a jamais accepté.  « On ne peut pas vivre après ça ». S’en était suivi une idéalisation outrancière du père et le désir de mourir pour le rejoindre. Il lui arrivait de sentir la présence du père en entretien.

Femme enfermée sous un verreCes femmes qui boivent trop

Pourquoi ces femmes boivent-elle trop ?

Dans le discours de Camille, lorsqu’elle a enfin retrouvé sa voix, les expériences douloureuses passées ont longtemps été couvertes par l’actuel, par les plaintes somatiques et le récit factuel du conflit familial qui a éclaté après la disparition du père. De ce père idéalisé, nous avons appris que toute sa famille du côté paternel était morte pendant la guerre. Ça n’a été qu’au bout de deux ans de suivi qu’elle a pu évoquer que le père tant adulé lui avait interdit d’épouser l’homme qu’elle aimait et avec lequel elle avait vécu pendant 12 ans. Elle nous disait que son compagnon avait demandé sa main et « le père ne répondait pas, c’est un affront ». Mais elle ne ressentait aucune colère. Elle refusait notre suggestion qu’il était légitime de ressentir de la colère pour un père qui s’opposait au bonheur de son enfant, en ajoutant «ce qui est familial est important». Plusieurs mois plus tard elle a fait un lien entre cette interdiction et les 2 IVG qu’elle avait subis. «Je ne voulais pas faire cette interruption de grossesse. Je me suis sacrifiée. Je ne voulais pas que mon papa soit honteux ». A d’autres moments, elle exprimait la culpabilité liée à ces actes et soulignait leur caractère transgressif par rapport à la religion. La famille n’était pas au courant.

Femmes et dépendance à l’alcool suite

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